Publié dans Passion polar

Passion polar: Jeux de mains, Yves Laurent.

C’est un polar à quatre mains, écrit par deux romanciers belges, que je vous propose de découvrir aujourd’hui…

Les auteurs:

yves laurentDerrière le pseudonyme « Yves Laurent » se cachent deux auteurs belges, Yves Vandeberg et Laurent Vranjes.
Yves Vandeberg, né le 12/03/1966 à Bruxelles, a travaillé dix ans dans le secteur des maisons de repos, en tant qu’employé administratif, jusqu’en 2015.

Laurent Vranjes est né le 18/03/1964 à Dijon. Après avoir habité en Suisse, à Château d’Œx, il débarque à Bruxelles, sa terre d’accueil, âgé de quatre ans, avec sa famille. Il travaille comme entrepreneur indépendant dans le secteur du nettoyage.

Le roman:

Jeux de mains a été publié en avril 2017 par les éditions Esfera, Imaginons ensemble. Au démarrage un peu poussif, le récit tend à s’égarer un peu, mais une fois qu’il a trouvé sa vitesse de croisière, le rythme devient plus soutenu. Le prologue, en italique à la première personne, est écrit par le tueur, sans qu’aucun indice ne révèle son identité.

Un style fluide caractérisé par le sens du détail et de la description, établissant un réalisme précis et circonstancié: »Ils s’approchèrent de la seconde porte d’entrée afin de vérifier si elle portait des traces de tentative d’effraction, mais il n’y en avait aucune. Et pour cause : les montants de la porte étaient en acier avec, au centre du vantail, une vitre antieffraction d’environ 60 centimètres de large et 180 centimètres de haut.Deux impostes blindées, faites d’un cadre en acier avec le même type de vitre de sécurité, se trouvaient de part et d’autre de la porte. Au-dessus de la poignée brillait un petit témoin lumineux rouge, à côté d’un second, éteint. À la même hauteur, sur la partie dormante de la porte, un lecteur de badges permettait aux occupants de déverrouiller la porte blindée électrique. »… »Sa main se dirigea vers la clé pour la retirer du contact. C’était étrange, il lui avait bien ordonné de le faire, mais elle ne bougea pas, pas plus que le reste de son corps. Plus aucune sensation, même ses orteils semblaient ne plus répondre ; plus rien à l’exception d’une douleur fulgurante et d’une brûlure intense à la gorge. Encore plus étrange, il sentait sa transpiration lui couler le long du cou. En fait, ce n’est pas exactement qu’il ne ressentait plus rien, mais plutôt qu’il était paralysé de la tête aux pieds. »bruxelles

L’intrigue:

Deux ans après une série de meurtres restés impunis, le serial killer qui avait tenu la dragée haute à l’inspecteur David Corduno reprend du service. L’enquête sur la précédente série était restée au point mort: aucun indice exploitable, aucune piste, même la plus fantaisiste. Alors, pourquoi une interruption de deux ans? « Et puis, plus rien. Plus rien du côté du tueur, et pas grand-chose non plus du côté des forces de l’ordre. L’enquête piétinait plus que jamais et ils avaient mis cette accalmie à profit afin de la reprendre depuis le début. Ils réinterrogèrent les familles, les amis, les collègues et les voisins des victimes, avec les mêmes résultats ou, plutôt, avec le même manque de résultats. À croire que le tueur avait choisi ses victimes justement parce qu’ils étaient des gens sans histoire, sans problèmes et sans particularités. » Comment Corduno, l’un des meilleurs flics de Bruxelles, peut-il échouer aussi lamentablement?

Mais avec ce nouveau meurtre, sans cynisme aucun, l’inspecteur Corduno et son équipe espèrent que cette fois le tueur va commettre l’infime erreur qui les mettra sur sa piste. Ils reprennent donc l’enquête laissée en plan sous un jour nouveau. Pourtant, au fil des semaines, les victimes s’accumulent sans que l’assassin ne laisse aucune trace. Il a toujours une longueur d’avance sur eux, comme s’il avait un accès privilégié au dossier. Une taupe parmi l’équipe? Mais dans quel but? Une vengeance personnelle contre l’inspecteur que le tueur semble s’ingénier à ridiculiser? « Ça me rend malade de suivre cette piste, mais on n’a rien d’autre. Je n’arrive pas à comprendre comment on n’a encore rien trouvé de plus que ce qu’il veut bien nous laisser. Il nous trace un chemin qu’on ne peut que suivre, sous peine d’être largués. Toujours deux longueurs d’avance, aucun indice involontaire. J’ai beau retourner ça dans tous les sens, je ne comprends pas(…) »

Les personnages:

  • David Corduno: 1m95, 125 kilos, 40 ans; entré dans la police de Bruxelles pour venger son frère; considéré comme l’un des meilleurs enquêteurs de sa génération; inspecteur principal de la brigade criminelle à 39 ans; très apprécié de ses collègues pour lesquels il est toujours à l’écoute; se caractérise par sa droiture et sa rigueur dans son travail; mâchoire carrée, des yeux de couleur foncée très expressifs, regard perçant et petit nez.drapeau
  • Sasha: compagne de Corduno depuis deux ans; chef de rang dans un restaurant; 1m75, de longs cheveux; femme intelligente qui sait écouter; réfléchit toujours avant de donner son avis.
  • Michel Meerpoel: principal adjoint et ami d’enfance de Corduno; 1m74, 70 kilos, crâne dégarni, visage constellé de taches de rousseur, teint pâle presque maladif le faisaient passer pour un freluquet; les gens n’avaient pas peur de lui, ce qui était une grave erreur parce qu’il était plus dangereux.
  • Alex Vanderstraeten: collègue de David; pas vraiment jolie mais beaucoup de charme; toujours vêtue d’un jean et d’un tee-shirt; cheveux blonds coupés très courts; silhouette mince et musclée; orpheline et célibataire, s’investit à fond dans son boulot; dans l’équipe depuis quatre ans.
  • Fabien Haesevoets: ancien indic, consultant et responsable du service informatique de la brigade sans avoir le statut d’inspecteur; esprit ouvert et logique; 1m65, grassouillet.
  • Pascal Delvak: équipier d’Alex; 1m80, mince malgré qu’il mange comme quatre; la trentaine; fait beaucoup de jogging et d’escalade en salle; garçon intelligent capable de sortir les plus grosses âneries.
  • Alexandre Miscailof: chef de la police scientifique; taillé comme une armoire à glace, toujours tiré à quatre épingles; yeux rieurs dans un visage jovial et amical; franc et direct; rigoureux et méticuleux dans son travail.
  • Fred Loos: adjoint d’Alexandre.

Les lieux:

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Bruxelles – Grand-Place

L’intrigue se déroule à Bruxelles. Le siège de la police criminelle se trouve en plein centre de la capitale belge, « rue Marché au Charbon, à deux pas de la Grand-Place. »

Le sens de la description, mentionné plus haut, s’avère un atout précieux dans un polar pour brosser un tableau crédible des décors, notamment des scènes de crime, que le lecteur doit pouvoir s’imaginer avec le plus d’exactitude possible: « L’immeuble avait l’air assez récent et luxueux, impression qui se confirma quand il pénétra dans le hall d’entrée bien éclairé. Le sol et les murs étaient recouverts d’un marbre blanc immaculé. Le deuxième accès au sas était une porte blindée en acier avec vitre anti-effraction. Visiblement électrique, elle était verrouillée en permanence et pouvait se déverrouiller au départ des parlophones de chaque appartement. Comment le meurtrier avait-il réussi à franchir cette entrée si on ne lui avait pas ouvert de l’intérieur ? »

En conclusion:

Des qualités et des défauts pour ce premier roman écrit à quatre mains. Le bémol étant que tous les mots étrangers ne sont pas traduits; une intrigue parfois poussive par manque de rythme et des passages n’ayant aucun rapport direct avec l’histoire trop longs; un humour parfois lourd, notamment les plaisanteries graveleuses sur les scènes de crime.

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Bruxelles

Le +: les nombreux dialogues qui donnent vie à l’intrigue et participent à sa progression, émaillés par des traits d’humour qui détendent l’atmosphère parfois violente: « — Faut que j’vous laisse. Corduno vient de se faire agresser par quatre types, annonça-t-il aux deux scientifiques.—Ah bon ! Il y a combien de morts ? demanda Alexandre en faisant un clin d’œil à Fred. », ainsi que par les lapsus de Pascal qui ont le don de beaucoup amuser ses collègues. Un rebondissement final bluffant qui, j’en suis certaine, surprendra bon nombre de lecteurs !! Un pari à moitié réussi. Patientons jusqu’au prochain dans lequel nous aurons plaisir à retrouver l’inspecteur Corduno et son équipe.

Citations:

 » Il menait chaque enquête avec le plus grand soin, ne négligeant aucun détail et faisant preuve de beaucoup de ténacité et de clairvoyance. Il venait de fêter ses deux ans comme grand patron de la criminelle lorsque le premier meurtre eut lieu. »

« Du coup, on le libère, on lui présente des excuses et il pourra continuer son petit jeu sans être inquiété. C’est pas con du tout ça, Fabe. C’est pour ça que je te voulais dans notre équipe. Tu penses comme un truand, à l’inverse de nous, renchérit David. »

« On put lire toute l’impuissance et le désarroi dans les yeux de chacun des membres de l’équipe. Le tueur les baladait à sa guise, sans jamais faire la moindre erreur. On commet toujours des erreurs, on connait tous un moment d’égarement, de faiblesse, un jour ou l’autre. Mais là, rien ! Le tueur avait toujours une longueur d’avance, voire deux, sur eux. C’était statistiquement impossible. »

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4 commentaires sur « Passion polar: Jeux de mains, Yves Laurent. »

  1. Coucou, ça fait un moment 🙂
    J’avais interviewé un auteur (G. Claustriaux pour ne pas le citer) qui parlait justement de ce livre et comme quoi il avait eu une ascension assez fulgurante dans le genre. Je vois que tu nuances pas mal malgré tout mais si je devais me lire un thriller pourquoi se laisser tenter (puis, ça vient un peu de chez moi aussi, Belgique 4ever ❤ ). Belle chronique 🙂

    Aimé par 1 personne

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