Publié dans Angleterre, Dossier Agatha Christie

Dossier Agatha Christie: Sur les traces du passé, chapitre 1: Ashfield.

Tout le monde connaît Agatha Christie, la « Reine du Crime ». Mais qui étaient la petite fille, puis la jeune fille et la femme Agatha? Un dossier riche d’anecdotes et d’infos pas toujours connues du grand public. A la découverte d’une femme complexe et attachante…

1-Traces d’un monde révolu:

Tout romancier, dit-on, laisse des traces de son vécu et de son passé, même infimes, dans son oeuvre littéraire. Agatha Christie n’échappe pas à la règle. La grande dame du crime s’est en effet amusée à créer de nombreux personnages de fiction auxquels elle a donné les traits de gens qu’elle a côtoyés et aimés.

Ainsi, Miss Marple ressemble aux amies de sa grand-mère; Poirot est inspiré des réfugiés belges rencontrés pendant la Première Guerre Mondiale; certains jeunes hommes de bonne famille, aux mœurs un peu dissolues, ont des traits de caractère communs avec son frère Monty; le couple Leidner de Meurtre en Mésopotamie ressemblent beaucoup aux Wooley dont le mari était le patron de Max.

2-Des airs de roman victorien.

londres 19e
Londres au 19e siècle

L’histoire familiale d’Agatha, savant mélange de tragédie et de romanesque dont l’amour constitue le fil conducteur, revêt tous les atours du roman victorien. Elle descend de la famille West, composée de douze frères et sœurs orphelins de père et de mère, tous recueillis par un couple de fermiers du Sussex.

Une des filles West, Mary Ann, âgée de seize ans, rencontre, en 1851, un officier des Argyll Highlanders, le capitaine Boehmer, de vingt ans son aîné. Malgré la désapprobation générale, ils se marient et cinq enfants naissent rapidement, dont l’un mourra en bas âge.

Une autre fille West, Margaret, fera une brillante carrière dans l’un des grands hôtels de Porstmouth. Contrairement à sa jeune soeur, elle restera longtemps célibataire. Finalement, à l’âge de 36 ans, elle se marie avec Nathaniel frary Miller, un riche veuf de nationalité américaine, père d’un jeune garçon né en 1846, prénommé Frédérick Alvah.

Deux semaines après le mariage de Margaret et Nathaniel, en 1863, le malheur s’abat sur la famille de Mary Ann: son époux décède des suites d’une chute à cheval, la laissant veuve à 27 ans avec à sa charge trois garçons et une petite fille, Clarissa, surnommée affectueusement Clara, née en 1854. Margaret, dans le but de venir en aide à sa sœur, lui propose d’élever un de ses enfants. Mary Ann, persuadée qu’une fille pauvre sera plus vulnérable qu’un garçon, et voulant assurer l’avenir de Clara, lui confie sa fille unique. Celle-ci en restera traumatisée toute sa vie, persuadée d’avoir été choisie parce qu’elle était, aux yeux de sa mère, moins importante que ses frères. Ce qui n’est évidemment pas le cas!!

Âgée de neuf ans, Clara s’installe chez son oncle et sa tante, à Manchester. La vie s’écoule tranquillement dans son nouveau foyer. Pendant les vacances, Nathaniel fait venir son fils Frédérick, âgé de dix-sept ans, qui vit en Amérique chez ses grands-parents. Le jeune homme regarde avec bienveillance cette petite « cousine » de huit ans sa cadette. Quant à Clara, elle est immédiatement fascinée par Frédérick, fascination qui, au fur et à mesure des années, se transformera en amour. Pourtant, elle refuse sa première demande en mariage, s’estimant trop boulotte pour faire une mariée convenable.

Finalement, les deux jeunes gens se marient l’année suivante, en avril 1878. Ils s’installent dans le Devon, à Torquay, station balnéaire réputée pour son climat plus doux et ses grandes plages de sable.

3-Fratrie.

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Torquay

En janvier 1879, Clara donne naissance à leur premier enfant, une fille prénommée Margaret, surnommée Madge. Le couple part en Amérique afin de présenter le bébé aux parents de Nathaniel. C’est ainsi qu’un petit garçon naît à New-York, en juin 1880. En fin d’année, la famille revient à Torquay, mais bientôt Frédérick est rappelé dans sa patrie pour régler certaines affaires.

Chargée de louer une maison en attendant le retour définitif aux USA, Clara tombe littéralement amoureuse d’une propriété qu’elle achète immédiatement grâce à l’héritage que lui a laissé son oncle Nathaniel, décédé récemment. Située dans Barton Road, leur nouvelle maison est baptisée Ashfield. Agatha, le troisième enfant du couple, y naît le 15 septembre 1890.

Madge, son aînée de onze ans, adore sa petite sœur. D’une nature gaie et fantaisiste, l’adolescente multiplie les facéties, aimant tout particulièrement se déguiser et faire des niches à ses professeurs. Malgré la différence d’âge, Margaret s’avère une merveilleuse compagne de jeu, faisant découvrir à sa cadette la lecture, mais également ses premiers frissons d’angoisse en inventant un curieux passe-temps qui consiste à modifier sa voix pour créer le personnage imaginaire d’une sœur, folle et effrayante, qui revient dans sa famille de temps en temps sous les traits de Madge.

Quant à son frère Monty qui, comme tous les jeunes garçons de la bonne société anglaise, passe l’année scolaire dans un pensionnat, il passe peu de temps avec la fillette. Quelques années plus tard, séducteur au charme indéniable, il causera à ses parents toutes sortes de tracas

4-Enfance heureuse.

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Ashfield

Néanmoins, Agatha coule à Ashfield des jours calmes et heureux, auprès de ses parents qui forment un couple uni, de sa Nannie, chargée de son éducation, de la cuisinière Jane et des autres bonnes qui s’occupent de l’entretien de cette grande maison.

Son père Frédérick mène la vie d’un bourgeois aisé, vivant de ses rentes.  Ses journées sont rythmées par ses visites quotidiennes au Royal Yatch Club de Torquay, les discussions animées avec ses amis, ses parties de whist et de cricket. C’est un grand collectionneur de tableaux, d’antiquités et de meubles précieux.

Sa mère Clara possède une forte personnalité, parfois un peu fantasque. Elle dirige sa maisonnée de main de maître, se convertit régulièrement à différentes religions, change tout aussi régulièrement d’avis sur la méthode d’éducation idéale pour ses filles.

Madge sera scolarisée très jeune tandis qu’Agatha, instruite et éduquée à la maison en partie par ses parents et en partie par une nurse, n’entrera à l’école qu’à l’âge de treize ans. Les vacances et certains week-ends se déroulent à Ealing, dans la propriété de Margaret, surnommée Auntie-Grannie, tante et mère adoptive de Clara. Mary Ann, dite Grannie B, sa véritable mère, résidant à Bayswater, les rejoint les dimanches, ainsi que certains de ses frères.

Agatha adore l’ambiance toute victorienne de ces réunions de famille. Auntie-Grannie abandonne alors pour un temps sa volumineuse correspondance pour jouer avec la fillette au jeu du « poulet » qu’il faut faire cuire, embrocher et découper, donnant lieu à d’interminables parties de chatouilles et de rires, avant de passer à table pour dévorer les impressionnants rôtis et la fameuse crème du Devonshire.
L’espiègle fillette aime également visiter le placard à provisions où sa tante-grand-mère stocke une incroyable quantité de nourriture et de friandises de toutes sortes.

 

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