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Passion polar historique: Les collèges Fantômes, Les enquêtes de Louis Fronsac,Jean d’Aillon.

Les Collèges Fantômes, une leçon d’histoire aride et ennuyeuse sur l’époque tourmentée de Richelieu? Que nenni !!! Le lecteur reste suspendu non aux lèvres de l’auteur mais à sa plume...

L’auteur:

téléchargementJean d’Aillon, pseudonyme de Jean-Louis Roos, est un écrivain français né au Gabon le 16 avril 1948, auteur de romans policiers historiques qu’il publie à partie de 1997. Diplômé en sciences économiques, il a enseigné l’histoire économique et la macroéconomie à l’université. Il démissionne en 2007 pour se consacrer exclusivement à l’écriture. Il est le créateur de plusieurs séries, notamment celle consacrée aux enquêtes de Louis Fronsac, et celle consacrée à Guilhelm Dussel.

Le roman:

Les Collèges Fantômes, bien que racontant une aventure de Louis Fronsac située lorsque ce dernier était encore collégien, donc n’ayant pas vraiment commencé sa carrière d’enquêteur au service de Richelieu, a été publié en 2017 par les éditions Presses de la Cité, puis en version poche en 2019 par les éditions J’ai Lu. Le style est alerte, d’une fluidité plaisante au point que l’on tourne les pages sans s’ennuyer, grâce au mouvement et à l’animation qui caractérisent les chapitres.téléchargement (1)

Les scènes d’action sont décrites avec juste ce qu’il faut de détails, ni trop, ni trop peu: « Girardin traversa la rue Saint-Jacques, passa devant le collège de Clermont et s’engagea dans la rue Saint-Etienne-des-Grès…Avec une clé, il ouvrit la poterne à côté de la porte cochère, traversa la cour et grimpa les marches du perron. Il fit jouer une autre clef et pénétra, suivi de Bianchi, dans un vestibule d’où partait un escalier. François, son valet de chambre, avait allumé une chandelle comme il le lui avait demandé quand il l’avait prévenu de son retour au milieu de la nuit. » (Page 22)… »C’était l’heure de sortie des collèges de Lisieux, des Cholets et du Plessis, tous trois voisins de Clermont, et dans la rue étroite, où à peine deux voitures pouvaient passer de front, des centaines d’écoliers grouillaient dans un indescriptible tumulte. » (Page 310).

L’intrigue:

Juillet 1625. Girardin, marchand de vin en gros, a mis au point un trafic qui lui permet de s’enrichir un peu plus en ne payant pas toutes les nombreuses taxes. Mais un soir, les gens du Châtelet interceptent ses barriques. Comment ont-ils eu vent de sa combine?

Alexandre de Vendôme, Grand Prieur de France, inquiet de l’ascendant que Richelieu prend sur le jeune Louis XIII, tout comme le jésuite espagnol Mendoza, conspire dans le but d’affaiblir la position du cadinal. Ils ourdissent alors un plan audacieux et risqué: le compromettre irrémédiablement afin que le roi n’ait d’autre choix que de le chasser de la cour.

Ayant appris que les dirigeants de leur collège avaient décidé de s’agrandir en rachetant les locaux de leur voisin le collège du Mans, abandonné depuis des années, Louis, Gaston et leurs amis conviennent de l’explorer…au risque de découvrir les tonneaux illicites entreposés par Girardin !!

Dès lors, Louis et Gaston, qui ont reconnu Bianchi croisé quelques mois plus tôt pour leur malheur, deviennent la proie de personnages sans scrupules, prêts à tout pour sauvegarder leurs secrets. Ils doivent également se méfier des membres de la confrérie du quart qui ont juré de faire tout leur possible pour les faire renvoyer du collège. Les deux jeunes garçons parviendront-ils à déjouer les plans de ces dangereux personnages et à éventer le complot ourdi contre Richelieu?

téléchargement (1)Contexte historique: l’année 1625 est marquée par la révolte des Protestants, allumant dans le royaume divers foyers insurrectionnels, notamment à La Rochelle, dans le comté de Foix, mouvement qui s’étend rapidement du Haut-Languedoc aux Cévennes. En septembre, la flotte royale remporte une victoire devant Oléron, contraignant le baron de Soubise, chef de guerre huguenot, frère du duc de Rohan, à se réfugier à Londres. C’est dans ce contexte explosif que se noue l’intrigue des Collèges Fantômes: la position de Richelieu, ministre d’Etat depuis l’année précédente, reste fragile. En effet, le cardinal, homme intransigeant et dur en affaires, a le don de se faire des ennemis parfois puissants, comme le duc Charles-Emmanuel de Savoie ou comme le frère de Louis XIII, ainsi que le met en scène Jean d’Aillon dans son récit.

Les lieux:

Paris en 1625: reconstituée par de nombreux détails intégrés dans la fiction, par exemple quand la famille de Louis revient de la messe à l’église Saint-Merry, « où ils se rendaient pour les offices divins depuis que la chapelle de Braque, la petite église du couvent de la Merci située en face de la porte de l’hôtel de Clisson, était en travaux… » (Pages 42-43)… »Les deux garçons avaient l’habitude de voir des pendus. Il y en avait souvent place de Grève, place Maubert et à bien des carrefours. » (Page 403)

En conclusion:

Les Collèges Fantômes est un roman historique minutieusement documenté, reconstituant avec beaucoup de réalisme la configuration des rues de Paris en 1625, mais également les fêtes et les croyances religieuses, les coutumes et les interactions politiques.

Le +: un roman riche de détails historiques concernant les personnages et les événements intégrés harmonieusement dans le récit: l’ascension de Richelieu, la révolte de Marie de Médicis, les dessous de la politique et les complots des diverses factions, les intrigues et les doubles-jeux subliment constituent le canevas de la fiction dans laquelle évolue les personnages créés par Jean d’Aillon. Un moment de lecture distrayant et instructif…

Citations:

« Avec les autres membres de la compagnie des Six, le confesseur ne remarqua rien. Paul de Gondi, élevé dans une famille dévote, avait appris dès son jeune âge à dissimuler ses pensées profondes sous un masque de sincérité naïve. Jehan Le Pontonnier, au contraire, confessait tous les péchés du monde, mais avec tant de détails que le prêtre devait l’arrêter. Cependant, le fils de boucher n’abordait jamais l’essentiel ni la vérité. Pour M. de Tilly, la confession était un duel avec le père jésuite et il éprouvait un grand plaisir à lutter contre lui, parole contre parole, tout en jouant la soumission. Quant à Louis, il ne mentait jamais mais savait dire au prêtre ce que ce dernier souhaitait entendre. » (Page 192).

« Baloufeau n’avait jamais vu l’éminence grise et, malgré sa longue expérience lorsqu’il s’agissait de tromper son monde, il eut le sentiment qu’il allait devoir se surpasser pour berner celui-là. Avec son crâne dégarni, son front plissé et ses sourcils épais, son long nez crochu, ses lèvres fines, à peine visibles sous une barbe carrée touffue, le père du Tremblay provoquait à la fois crainte et déférence. Ce n’était pas pour rien que Richelieu l’appelait affectueusement Tenebroso Cavernoso. » (Page 329).

« Ils couraient aussi vite qu’ils le pouvaient sur le sol rocailleux, buttant souvent dans des rochers affleurant du sol. Louis sentait son cœur battre tellement fort dans sa poitrine qu’il avait l’impression que celle-ci allait éclater. Sa respiration le brûlait. Il cherchait désespérément un refuge, un endroit propice pour se défendre ou se cacher. Mais, passé le premier moulin en ruine, ne s’étendait que la vieille enceinte de fortification avec des bastions pour les canons. » (Page 462).

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