Où il est fortement déconseillé de prendre le thé dans un salon de thé traditionnel anglais en mangeant des scones…
L’auteur:
Auteure à succès reconnue par USA Today, H.Y. Hanna écrit des cozy mysteries amusants, remplis de rebondissements habiles, d’humour, de personnages excentriques – et de chats avec de fortes personnalités ! Elle recrée des cadres merveilleux, que ce soit la ville historique d’Oxford, les magnifiques Cotswolds anglais ou les plages ensoleillées de la côte de Floride, avec beaucoup de réalisme.
Après avoir été diplômée d’Oxford, Hsin-Yi s’est essayée à divers métiers, dont la publicité, le mannequinat, l’enseignement de l’anglais, le dressage de chiens et le marketing… avant de revenir à ses premières amours : l’écriture. Elle a travaillé en free-lance pendant plusieurs années et a remporté des prix pour ses poésies, ses nouvelles et ses articles de journaux.
Véritable globe-trotteuse, Hsin-Yi a vécu dans différents pays, de Dubaï à Auckland, en passant par Londres ou encore le New Jersey. Elle vit à présent à Perth, en Australie occidentale, avec son mari et un petit chaton du nom de Muesli qu’elle a récupéré dans un refuge
Le roman:
Chou à la crim, premier tome de la série intitulée Les Thés Meurtriers d’Oxford, A Scone to Die for dans la version originale parue en 2016, a été publié par les éditions City en 2022. Le style est simple, direct, fluide: « Il m’indiqua son adresse et je raccrochai. Je restai debout à fixer le téléphone dans ma main. Une partie de moi aurait voulu rappeler Devlin et lui dire que j’avais changé d’avis -que je préférais le retrouver au poste. Mais je redressai les épaules. En quoi le fait de le voir seul chez lui devrait être un problème? Après tout, comme je l’avais dit à Cassie, Devlin O’Connor et moi c’était de l’histoire ancienne. » (Page 124). =>
Construction: récit à la première personne au passé émaillé des nombreux dialogues qui font progresser l’enquête et posent agréablement décors et personnages. Avec la touche d’humour en sus, pour notre plus grand plaisir…
Fil rouge: les stratégies parfois loufoques du groupe des quatre commères pour glaner la moindre info -notamment la scène où elles se retrouvent serrées comme des sardines dans un placard à balai.
L’intrigue:
Début octobre. Gemma avait renoncé à un poste de cadre supérieur à Sydney et dépensé toutes ses économies pour réaliser son rêve: ouvrir un salon de thé dans un village typique des Costwolds, non loin d’Oxford. Heureusement, les affaires semblent bien démarrer, ce qui était de bon augure vu que, en attendant de pouvoir supporter la dépense d’un logement, elle s’était installée chez ses parents?
Un jour, elle croise la route d’un touriste américain particulièrement désagréable et grossier. Qui était-il? Et pourquoi avait-il menti concernant les documents qu’il transportait dans sa sacoche? Quelque chose ne colle pas chez cet homme, Gemma en est certaine. Il tentait de se faire passer pour un touriste mais, sans qu’elle sache pourquoi, son instinct lui souffle que ça sonne faux.
Le lendemain matin, en arrivant au salon de thé de bonne heure, Gemma le découvre assis à l’une des tables installées dans la cour, un scone dans la bouche. Mort. Quand la jeune femme voit arriver l’inspecteur chargé de l’enquête, elle manque s’évanouir: Devlin, son ancien petit copain, qui ne lui a visiblement pas laissé un bon souvenir. A moins que…
Néanmoins, comme elle ne veut pas mettre la clef sous la porte à peine un mois après l’ouverture de son salon, et afin de faire taire les spéculations sur sa cuisine, Gemma décide de se lancer sur les traces de l’assassin…Tout comme les quatre amies de sa mère, surnommées les quatre vieilles chouettes. Les prochains jours risquent d’être fertiles en aventures et situations cocasses, sans oublier qu’un meurtrier rôde dans les parages.
Les personnages:
- Gemma Rose: fille unique des Rose; propriétaire du salon de thé Little Stabbles Tearoom; déterminée, pas très patiente.
- Mabel Cooke: une des vieilles chouettes, commères du village.
- Glenda Bailey: une des vieilles chouettes, commères du village; femme de 80 ans qui prétend en avoir 18; coquette.
- Forence Doyle: une des vieilles chouettes, commères du village
- Ethel Webb: une des vieilles chouettes, commères du village; la plus calme du groupe; vieille fille gentille et distraite, ancienne bibliothécaire.
- Cassie Jenkins: meilleure amie de Gemma, serveuse dans son salon de thé; issue d’une famille nombreuse, bruyante et bohème; a fait des études de Beaux-Arts.
- Muesli: chatte du cuisinier; yeux verts, fourrure douce et soyeuse gris pâle avec des rayures plus foncées, la poitrine et les pattes blanches; aussi sociable que douée pour s’échapper; sournoise, exaspérante, effrontée et contrariante!
- Fletcher Wilson: excellent chef pâtissier de Gemma; d’une timidité maladive, a du mal à se lier avec d’autres créatures que les animaux; très patient et gentil.
- Seth Browning: ami de Gemma et Cassie; d’un naturel gentil et timide, postdoctorant à l’université d’Oxford.
- Philip Rose: père de Gemma, professeur à Oxford e semi-retraite, stéréotype de l’universitaire distrait, passant son temps dans ses livres.
- Evelyn Rose: mère de Gemma, affreusement snob, respectueuse des convenances, un brin horripilante.
- Devlin O’Connor: inspecteur de police d’Oxford; dégage un calme autoritaire; incroyablement beau; ancien petit ami de Gemma.
- Geoffrey Hugues: professeur en pharmacologie au Gloucester College d’Oxford.
- Justine Smith: Américaine, sophistiquée, beaucoup de grâce et d’assurance; ne laisse rien ni personne se mettre en travers de son chemin.
- Mike Bailey: petit-neveu de Glenda; au chômage, aigri et pleurnichard.
Les lieux:
Meadowford-on-Smythe: village pittoresque des Costwolds, proche d’Oxford, au paysage de carte postale avec ses rues pavées et ses jolies chaumières, ne devant d’être connu uniquement à cause de sa proximité avec une des villes universitaires les plus célèbres du monde. Plutôt surprenant si l’on considère que ses habitants se montrent méfiants à l’égard des nouveaux arrivants.
Little Stabbles Tearoom: situé dans une ancienne auberge de style Tudor du XVe siècle, assortie d’écuries et d’une cour: colombages sombres, murs peints en blanc, toit de chaume, pignons croisés, sol recouvert de dalles en pierres, épaisses poutres apparentes, fenêtres à meneaux et grande cheminée => Typique des cottages anglais représentés sur les boîtes de chocolat. On y déguste le meilleur de la pâtisserie traditionnelle anglaise le tout accompagné de véritable Earl Grey servi dans de la porcelaine délicate. Comment imaginer qu’un tel décor puisse être le théâtre d’un crime sordide??
En conclusion:
Le +: , grâce à une mise en place rapide et efficace du décor, des personnages, des lieux et de leur atmosphère, on entre tout de suite dans l’ambiance cosy très vieille Angleterre qui fait tout le charme des cosy mysteries. Le lecteur se laisse prendre par ce roman attachant qu’il ne lâche qu’une fois la dernière page tournée.
Le ++: les succulents dialogues entre les vieilles chouettes, donnant lieu à des situations cocasses, notamment la scène où elles écoutent aux portes quand l’inspecteur interroge le professeur Hugues.
Un premier opus plein de charme, mais ne vous laissez pas abuser par son apparente légèreté. L’intrigue est bien ficelée ( moi-même je n’ai rien vu venir!!), des personnages hauts en couleur dont l’auteur brosse des portraits aboutis avec pour résultat un roman habilement écrit. Rendez-vous au prochain numéro!
Citations:
« Je laissai échapper un soupir. Nous avions déjà eu cette conversation un millier de fois. Je serais toujours reconnaissante d’avoir fréquenté l’une des meilleurs universités du monde, mais cela pouvait être pesant. Le revers de la médaille était notamment un sentiment d’échec tenace si vous ne remportiez pas un prix Nobel, si vous ne deveniez pas un PDG multimilliardaire ou si vous ne vous présentiez pas comme Premier ministre après avoir quitté Oxford. D’une manière ou d’une autre, la question qui vous rattrapait toujours était: « Qu’as-tu accompli qui soit digne de ta brillante éducation? Tu es allée à Oxford! Pourquoi gâcher ton potentiel? » (Pages 52-53).
« Je tournai les talons et commençai à descendre, mais je n’avais pas fait deux pas que je m’interrompis. Je voulais entendre la conversation entre Devlin et Geoffrey Hugues. Je regardai à nouveau vers le haut de l’escalier. Allai-je me faire battre par quatre petites vieilles, simplement parce que j’avais peur de faire quelque chose de « mal »? Oui, ma mère m’avait toujours répété qu’il était terriblement impoli d’écouter aux portes -et alors? » (Page 148).
« Je reculai maladroitement, me frayant un chemin à l’aveugle dans la pièce. Les fenêtres du salon étaient derrière moi et je me souvins qu’elles étaient ouvertes. Si je parvenais à les atteindre, peut-être pourrais-je d’une manière ou d’une autre plonger à travers et atterrir dans le jardin…D’accord, c’était une idée stupide, mais il était difficile de penser clairement quand on se trouvait face à un dingue brandissant un marteau. » (Page 278).
Une belle découverte,s’après cette présentation, le charme de l’Angleterre et des policiers anglais ! Bonne soirée.
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