Un roman d’aventures passionnant qui propose une alternative inédite à l’histoire des Templiers, loin des habituels clichés…
L’auteur:
Hervé Gagnon, né le 26 août 1963 à Chicoutimi au Québec, est un historien et romancier québécois. Il est titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en histoire, ainsi que d’une maîtrise en muséologie historique, travaillant plus spécialement sur la mise en valeur de la culture et du patrimoine.
Il est l’auteur de nombreux romans pour la jeunesse, consacrés au genre historique, dans lesquels il ne dédaigne pas d’ajouter une touche d’ésotérisme et de fantastique, permettant à ses lecteurs de se divertir tout en acquérant des connaissances générales en histoire.
En 2014, il amorce une série de polars historiques consacrés aux enquêtes du journaliste Joseph Laflamme dans le Montréal de la fin du XIXe siècle, avec six titres publiés. Mais c’est avec les thrillers historico-ésotériques qu’Hervé Gagnon donne toute la mesure de son talent de conteur avec différentes séries, dont Vérité, Malefica, Vengeance et La Mort du Temple.
Le roman:
Arcadia, le premier tome de la série Sanctuaire, a été publié par les éditions Hugo Publishing en 2022. Le style fluide, agréable à lire, nous emporte dans un tourbillon de mots et de phrases toujours plus irrésistible: « Après la tempête, un calme un peu oppressant était tombé sur le navire et son équipage. Hommes et femmes arboraient un air vaguement hébété, vaquant à leurs tâches en parlant peu. La mer les secouait de façon qui finissait presque par les bercer. L’ennui était généralisé et le moral, bas. Et tout autour, à perte de vue, il n’y avait que de l’eau, encore et toujours de l’eau. Pour Matthieu, c’était plus que suffisant pour ne lui faire boire que du vin et de l’eau-de-vie jusqu’à sa mort. » (Page 81)… »Il redescendit et traversa le navire vers le château de poupe pour discuter un peu avec Petrus, dont le quart à la barre s’achevait, après qu’il eut passé une partie de la nuit enveloppé dans plusieurs couches de vêtements. Puis, n’en pouvant plus, Matthieu retourna dans sa cabine en songeant qu’il aurait donné un bras pour un feu. » (Page 99).
Construction: les chapitres courts s’enchaînent dans un rythme haletant, chacun précisant la date, ne laissant au lecteur aucun répit. Le roman se découpe en cinq parties correspondant à une étape de l’histoire.
L’intrigue:
Face aux menaces qui pèsent de plus en plus sur l’avenir des Templiers, Matthieu de Conneilles, qui n’a jamais mis les pieds sur un navire, se voit confier une mission d’importance: emmener en sécurité le trésor cumulé au fil des années, dans un lieu nommé Arcadia, à l’autre bout de la terre. Et fonder une colonie. Sans espoir de retour. Les détails de l’expédition, minutieusement préparée de longue date, lui seront dévoilés au fur et à mesure.
Cinq jours après leur départ, les trente membres de l’équipage croisent quatre navires voguant sous la bannière du roi de France. Inquiétude à bord. Plus rapides qu’eux, leur intention est sans équivoque: les forcer à rebrousser chemin ou les saborder. Mais le feu grégeois les sauve…Pour combien de temps?
Au bout d’un voyage interminable, ils atteignent la côte et le village d’Arcadia qui semble avoir été construit pour eux et les attendre. Tout est en place pour commencer une nouvelle vie: réserves de combustible pour se chauffer, garde-mangers bien garnis de viande fraîche et autres denrées, couvertures et vêtements chauds en suffisance…La seule conclusion qui s’impose à eux: ils ne sont pas seuls sur l’île!
L’autre conclusion qui s’impose à Matthieu est que si le roi de France connaît la route qui mène à Arcadia, c’est qu’il possède une copie du portulan (carte marine des premiers explorateurs) que lui a confié Jacques de Molay. Mais pour l’heure, ils doivent s’acquitter de leur mission: mettre le trésor à l’abri dans le sanctuaire…Où ils découvriront un terrible secret !!
Les personnages:
Une galerie de personnages hauts en couleur, transportant avec eux un passé chargé et des frustrations, mais aussi des attentes et des espoirs. Chacun d’entre eux a été choisi selon la compétence particulière qu’il maîtrise jugée utile pour le succès de l’expédition.
- Matthieu de Conneilles: chef de l’expédition pour Arcadia; courageux mais peu sûr de lui, ne sait pas toujours quelle décision prendre.
- Roger of Dalton: chapelain anglais de l’expédition.
- Gerhard Baer: pilote allemand de l’expédition.
- Petrus de Camareto: pilote espagnol, élégant, sourire espiègle.
- Delphine de Saint-Clair: femme de caractère, qui inspire le respect par la force tranquille et l’habitude d’organiser les choses et d’être obéie qu’elle dégage; à la tête du groupe de femmes de l’expédition; guérisseuse.
- Escarfredus: sergent de l’expédition, mauvais caractère mais fiable.
- Antoine de Saint-Clair: frère de Delphine, sergent écossais; nature gaie et optimiste.
- Bathilde de Warrenne: matrone irlandaise au tempérament d’acier; façade autoritaire, carrure impressionnante qui dissimulent un cœur attentionné et généreux.
- Bertrand de Caromb: sergent de l’expédition.
- Sforzo Eugenio: sergent italien de l’expédition, pieux, fort comme un bœuf.
- Pocklington: constructeur anglais, chargé de comprendre le fonctionnement du sanctuaire.
En conclusion:
Hervé Gagnon nous propose avec ce premier tome de sa nouvelle série un roman bourré des qualités qui font les grands romans d’aventures historiques: une écriture fluide et alerte, des personnages attachants (au point que l’on pleure sur la perte de certains), de nombreux rebondissements, des scènes d’action parfaitement maîtrisées, comme lors de la bataille navale contre les navires du roide France: « Obéissant aux ordres aboyés par leurs supérieurs, des soldats du roi déposèrent leurs armes et coururent se munir de chaudières attachées à des câbles, qu’ils lancèrent à l’eau puis remontèrent pleines. Ils jetèrent l’eau sur les flammes qui, loin de s’éteindre, décuplèrent d’intensité. En un rien de temps, sous le regard effaré des soldats, elles engouffrèrent les voiles et, aidées par le vent, commencèrent à se répandre sur le pont, causant la panique chez ceux qui, l’instant d’avant, rêvaient de verser le sang. De nouvelles chaudières furent remplies et versées, avec le même effet, de sorte que le brasier fut vite hors de contrôle. » (Page 63)
Le +: la descente au fond du puits en déjouant les chausse-trappes imaginées par son constructeur afin de protéger son secret, l’auteur faisant la synthèse des connaissances techniques et mathématiques de l’époque des Templiers.=> Des scènes où la tension dramatique met les nerfs du lecteur à fleur de peau: Pocklington et ses compagnons vont-ils réussir à contrecarrer les pièges et atteindre le dernier niveau? Suspense!!
Magnanime, je veux bien vous donner un indice: vous dévorerez les 500 pages sans vous ennuyer une seule seconde. Le seul reproche que vous adresserez à l’auteur est que vous allez devoir attendre la parution du second tome endurant les affres d’une attente qui mettra votre impatience à rude épreuve…
Citations:
« L’exil est chose cruelle. Il exige qu’on laisse derrière soi qui l’on est sans la moindre assurance de qui l’on deviendra ailleurs. Il ne donne aucune assurance que le vide qui se forme au creux des entrailles, lorsque la côte disparaît à l’horizon, sera un jour comblé et que la tristesse qui se larve en nous sera soulagée. Surtout, il n’offre aucune certitude de retour et transforme la terre natale en une blessure perpétuellement vive. Il exige l’oubli. De soi, des autres, du pays. De tout. » (Page 23).
« Le harnais fut vite remonté et l’échelle réapparut. Il en empoigna les montants pour la positionner assez loin de l’ouverture centrale afin d’éviter qu’elle ne glisse dedans. Cela fait, il mit les mains sur les hanches et reconsidéra l’espace étroit qui donnait accès à l’étage suivant. Il n’osait pas imaginer ce qui l’attendait encore. Mais était-il vraiment nécessaire pour le Temple d’empiler autant de plateformes et d’énigmes à résoudre? » (Page 411).
« Tendu, Matthieu dégaina son épée, poussa doucement avec son pied la porte qui pivota sur ses gonds sans le moindre grincement, et pénétra dans la crypte, le reste de torche brandi devant lui. Immobile sur le seuil, aux aguets, il jeta un regard aigu sur l’improbable voûte atteinte à un coût si élevé. Il avait du mal à croire qu’un tel endroit avait été aménagé à deux cent soixante-dix coudées sous la terre. » (Page 485).