Premier tome d’une série d’enquêtes menées en Egypte par la sympathique Amélia Peabody et son irascible mari, qui a eu un très grand succès dans les années 70…
L’auteur:
Elizabeth Peters, pseudonyme de Barbara Mertz, née le 29 septembre 1927 à Canton dans l’Illinois, décédée le 8 août 2013, est une romancière américaine auteur de romans policiers historiques, de thrillers sous le pseudonyme de Barbara Michaels dont aucun n’a été traduit en français, et de deux ouvrages sur l’égyptologie. Dès son jeune âge, elle s’est passionnée pour l’archéologie, avec une prédilection pour l’Égypte ancienne. Titulaire d’un doctorat en égyptologie, elle a sillonné tous les sites antiques, d’Abou Simbel au Delta du Nil. Elle est l’auteur de plusieurs manuels universitaires de référence sur le sujet. Pour faire découvrir ce monde fascinant, elle a un jour l’idée de recourir au roman policier. Tout naturellement, elle choisit de situer ses intrigues à la période des grandes découvertes de Petrie ou de Maspero, au tournant du XXe siècle. C’est ainsi que naquit, aux États-Unis, un inoubliable trio romanesque qui allait conquérir des millions de lecteurs dans plus de douze langues : l’indomptable Amelia Peabody, son mari, le savant et coléreux Emerson (Radcliffe), et leur imprévisible et précoce rejeton, Ramsès.
Le roman:
Un Crocodile sur un Banc de Sable, Crocodile on the Sandbank dans la version originale parue en 1975, a été publié en en 1999 par la Librairie Générale Française, une filiale du groupe Hachette, puis en version poche. Le style d’Elizabeth Peters est recherché, voire extrêmement travaillé: « Je connaissais à peine leurs prénoms, tant leur sollicitude à mon égard avait été grande dans les dernières années de leur grand-père. Puis ce furent des belles-sœurs à la voix suave qui m’invitèrent affectueusement à venir séjourner chez elles. Je serais choyée et traitée comme une reine. Bien entendu, on m’avait mise en garde également contre les chasseurs de dot. Mises en garde non dénuées d’arrière-pensées et surtout bien vaines. Une vieille fille – j’avais alors trente-deux ans et je n’avais jamais cherché à dissimuler mon âge – qui n’a encore reçu aucune demande en mariage serait par trop stupide et naïve si elle ne se rendait pas compte que sa fortune toute récente n’était pas étrangère aux soudaines attentions dont elle était l’objet. Or, je n’étais ni naïve ni stupide. Et, le matin, un coup d’œil à mon miroir suffisait à dissiper d’éventuelles illusions » (Page 11)…
…parfois un peu chargé: « Piero, comme tous les Latins, avait une certaine tendance à dramatiser. Voyant que personne ne s’occupait de la victime, sauf pour la regarder, je me levai et, après avoir, d’un geste sec, remis en place ma tournure, je m’approchai de l’attroupement. Mon ombrelle me fut fort utile pour me frayer un chemin. Je dus même en appliquer le bout avec une certaine vigueur dans les côtes de plusieurs gentlemen qui, sans cela, n’auraient pas consenti à me livrer passage. Finalement, je parvins au centre du cercle. Comme je l’avais pressenti, aucun des badauds ne manifestait la moindre pitié. Deux ou trois dames avaient même déjà entamé une prudente retraite, non sans force commentaires à propos des risques de contagion et de la moralité probablement douteuse de la malheureuse. » (Page 15) =>Remarques qui n’enlèvent rien à la vivacité du récit, même si parfois l’auteur emprunte des chemins détournés pour parvenir à son but, mais avec une admirable élégance. Inconvénient tempéré par les nombreux dialogues, les prises de bec entre Amélia et Emerson, grandement distrayantes.
Le fait que le récit soit raconté à la première personne par un des personnages principaux le rend plus vivant, plus direct.
L’intrigue:
Miss Amélia Peabody, vieille fille de 32 ans extravagante et anticonformiste, vient d’hériter de son père, professeur passionné par l’Egypte ancienne, une fortune conséquente, décide de l’employer à satisfaire sa passion pour les voyages. Fuyant le brouillard et l’humidité de l’hiver anglais, elle s’embarque via Rome pour Le Caire.
Parvenue dans la capitale italienne, elle fait la connaissance de la jeune Evelyn, arrivée en Italie avec Alberto, maître de dessin engagé par son grand-père, un riche aristocrate, avec lequel elle s’est enfuie. Apprenant que la jeune fille qu’il a déshonorée est déshéritée, il l’abandonne, ne lui laissant qu’une robe, un manteau et une paire de chaussures. Au comble du désespoir, Evelyn, qui songe à se supprimer, s’évanouit dans la rue, sous les yeux d’Amélia qui passait opportunément par là.
Amélia engage la jeune fille comme dame de compagnie. Arrivées au Caire, les deux femmes font une halte à l’hôtel Shepheard afin de préparer leur croisière pour remonter le Nil, à bord d’une luxueuse dahabieh. Au cours d’une escale pour visiter le site de Tell el-Amarna, la capitale érigée par le pharaon hérétique Akhénaton, elles font la connaissance de deux archéologues anglais, sans se douter combien cette rencontre va bouleverser leur vie à jamais…Et les précipiter dans de rocambolesques aventures, en but à une momie qui terrorise les ouvriers crédules et superstitieux.
Les personnages:
- Amélia Peabody: narratrice; cadette de six enfants beaucoup plus âgés, 32 ans au début de l’histoire; riche, déterminée, célibataire et heureuse de l’être, excentrique, non conventionnelle, se moque du qu’en-dira-t-on, caractère indomptable, drôle et attachante, audacieuse et moderne, ne se laisse impressionner par très peu de choses =>On l’aime d’emblée (c’est d’ailleurs le personnage récurrent le plus apprécié).
- Evelyn Barton-Forbes: petite-fille du comte d’Ellesmere; douée pour le dessin, joue du piano très correctement, chante admirablement; caractère bien trempé malgré sa jeunesse et son apparente fragilité; gentille, incapable de mentir, sens de l’honneur développé; dame de compagnie puis amie d’Amélia.
- Lucas Hayes: cousin d’Evelyn et héritier de leur grand-père; fils d’un comte italien; exubérant, chaleureux, homme de cœur et d’honneur…En apparence.
- Michael Bedawee: drogman engagé par Amélia; copte (chrétien d’Egypte); sourire chaleureux, regard candide, homme sympathique, très dévoué à Amélia depuis qu’elle a guéri sa fille.
- Hassan: capitaine de la Philae.
- Walter Emerson: jeune frère de Radcliffe; égyptologue et épigraphiste de renom, spécialiste du hiératique, version simplifiée des hiéroglyphes utilisé par les scribes.
- Radcliffe Emerson: égyptologue anglais de renom; très mauvais caractère, râleur, exigeant, bougon, impulsif, mais au fond un cœur d’or.
- Alberto: séducteur d’Evelyn; effronté, insolent.
- Abdullah: raïs (chef de chantier) de Radcliffe.
Contexte: Le siège de Khartoum, qui a duré du 13 mars 1884 au 26 janvier 1885, fut un épisode dramatique de la guerre coloniale britannique menée au Soudan contre l’insurrection Mahdiste. Il s’achèvera par le massacre de la garnison et d’une partie des habitants, parmi lesquels Gordon Pacha, le général en chef britannique, ce qui provoque la chute du gouvernement à Londres. Le chef des assaillants Muhammad Ahmad ibn Abd Allah Al-Mahdi devient maître du Soudan, mais il meurt à son tour quelques mois plus tard de maladie: « Cet hiver-là, les touristes anglais se faisaient rares au Caire. Les combats au Soudan les tenaient à distance. Le mahdi avait déclaré la guerre sainte et assiégeait encore le vaillant Gordon à Khartoum. Cependant, l’expédition de secours de sir Garnet Wolseley avait atteint Wadi Halfa et les gentlemen que nous avions rencontrés nous avaient rassurées – ou, plutôt, avaient rassuré Evelyn – quand elle leur avait demandé s’il n’était pas dangereux de descendre vers le sud. Les combats se déroulaient à plusieurs centaines de miles au-delà d’Assouan et lorsque nous y arriverions, la guerre serait sans doute terminée. Le mahdi et son armée de sauvages fanatiques auraient été écrasés et Gordon, notre héros, aurait brisé l’étau qui l’enserrait. Je ne partageais pas l’optimisme de ces messieurs. Le charpentier fou du Soudan avait montré qu’il était un chef de guerre adroit et efficace. Nos pertes dans la région en étaient la preuve. » (Page 29)… » finalement, les coups de poing répétés de Radcliffe sur la porte provoquèrent une réaction. Il y eut un bruit de barre que l’on déplace et le battant s’entrouvrit de quelques centimètres. Juste assez pour laisser passer le visage fripé d’un vieillard. En nous voyant, il tenta de refermer la porte, mais Radcliffe força l’entrée d’un coup d’épaule. Nous étions dans la place.À l’intérieur, la puanteur était atroce. Les gens et les bêtes étaient rassemblés, pêle-mêle. Leurs yeux brillaient dans la pénombre comme des escarboucles. On ne nous invita pas à nous asseoir et, de toute façon, il n’y avait aucun endroit où j’aurais accepté de poser ma personne : je ne suis pas difficile, mais il y a des limites. Deux poules avaient choisi le dossier du divan comme perchoir et personne n’avait songé à les déloger, bien que ce fût le seul meuble d’une certaine importance dans la pièce.Les bras croisés et la tête haute, Radcliffe entreprit de palabrer en arabe. Je ne comprenais pas ce qu’il disait, même si, de temps à autre, je captais un mot ou deux et essayais de deviner le reste à partir des mimiques de ses interlocuteurs. Le chef du village, un vieil homme tout petit et rabougri dont le nez rejoignait presque le menton, marmonnait ses réponses d’une voix quasiment inaudible. Il n’était pas insolent ou agressif, attitude qui aurait été plus facile à combattre que la terreur irraisonnée se lisant dans ses yeux.Peu à peu, les autres assistants s’esquivèrent et, bientôt, nous n’eûmes plus aucun spectateur, à part les poules et les chèvres. L’une de ces dernières, vraiment très familière, était particulièrement intriguée par les manches de ma robe. Je la repoussai distraitement tout en essayant de suivre la conversation. Le chef du village aurait bien aimé pouvoir s’en aller également. Il n’avait cessé de reculer devant Radcliffe, comme s’il était pestiféré. Maintenant, il avait le dos au mur et des gouttes de sueur coulaient sur son front.Puis, alors que Radcliffe ne parvenait plus à en tirer que des monosyllabes, un homme survint par la porte étroite qui conduisait à l’unique autre pièce de la maison. Je reconnus Muhammad. Son père se tourna vers lui et lui céda la place avec un soulagement pathétique. D’emblée, la conversation prit un tout autre tour. Le ton et l’attitude de Muhammad étaient délibérément insolents. Radcliffe serra les poings et écouta ses explications les lèvres serrées. Quand il eut terminé, Muhammad me regarda d’un air cynique et se mit à parler en anglais.— La momie n’aime pas les étrangers, déclara-t-il avec un large sourire. Il faut qu’ils s’en aillent. Mais pas les femmes. Elle n’a rien contre les femmes anglaises…Radcliffe se jeta sur lui et le saisit à la gorge. Le vieux chef poussa un cri aigu, mais ce fut Walter qui réussit à empêcher son frère de commettre l’irréparable. Avec un râle horrible, Muhammad s’affaissa sur lui-même. En dépit de la pénombre, je vis le regard qu’il décocha à son assaillant, regard qui me glaça le sang.— Viens, allons-nous-en ! lança Walter à voix basse en tirant Radcliffe par le bras. Nous n’avons plus rien à faire ici.Inutile de dire que nous ne nous attardâmes pas au village. Lorsque nous fûmes dans le désert, Radcliffe s’arrêta. Son visage était luisant de transpiration et, sous son hâle, il avait le teint gris, maladif.— Je pense que je vous dois des excuses à tous les deux, dit-il d’une voix caverneuse. Je n’aurais pas dû réagir de façon aussi stupide. À cause d’un geste inconsidéré, j’ai ruiné nos dernières chances de convaincre ces gens de reprendre leur travail.Walter secoua la tête.— J’ai entendu ce que t’a dit cette canaille. Tu n’as aucun reproche à te faire. De toute façon, il avait décidé de nous tenir tête. Ta réaction a été trop impulsive, toutefois je ne crois pas que cela aurait changé grand-chose si tu avais réussi à te maîtriser.— Je suis stupéfaite de son impudence, m’exclamai-je. Ne se rend-il pas compte des risques qu’il prend en s’opposant à vous et aux autorités que vous représentez ?Le visage de Radcliffe s’assombrit.— L’Égypte est beaucoup moins pacifiée que ne se l’imaginent les bureaucrates du Caire, répondit-il en soupirant. La révolte du mahdi au Soudan a eu un très grand retentissement chez les fellahs. La plupart d’entre eux souhaitent secrètement sa victoire et je ne donnerais pas cher de la vie des étrangers dans la région si jamais les troupes de cet illuminé réussissaient à atteindre la première cataracte. » =>Ancrage du récit dans la réalité historique, lui donnant plus de résonnance, et permettant de dater les événements fictifs qui y sont racontés.
Archéologie à la fin du XIXe siècle: l’état des lieux de cette discipline scientifique, qui n’en était qu’à ses balbutiements et n’était régi par aucune loi protégeant les édifices, permet un autre ancrage dans la réalité, d’autant plus intéressant pour le lecteur d’aujourd’hui qu’il figure sous forme de dialogues: « Raison de plus pour faire régner l’ordre et la propreté, rétorquai-je. Dans les premiers temps, lorsque les richesses archéologiques étaient mises au pillage par les aventuriers européens, on pouvait se passer d’un musée national. Puis M. Mariette1, le prédécesseur de M. Maspero, a lutté pour que l’Égypte conserve une partie de ses trésors nationaux. La coopération entre la Grande-Bretagne et la France pour gouverner et donner des lois à ce malheureux pays a eu pour résultat de confier aux Français le contrôle du Service des antiquités. Je suppose qu’il fallait leur laisser quelque chose. Après tout, nous avions la mainmise sur les Finances, l’Éducation, les Affaires étrangères et bien d’autres secteurs encore. Néanmoins, j’estime qu’en l’occurrence la propreté et le sens de l’ordre anglais auraient été plus efficaces que le laisser-aller français. » (Page 39)… »Il y a un jeune homme qui semble avoir un certain esprit de méthode. Il s’appelle Petrie. Cet hiver, il a entrepris un chantier de fouilles dans le Delta. Cela dit, il n’a aucune influence et chaque année qui passe voit des dommages irrémédiables. Nous sommes en train de détruire le passé ! Nous creusons n’importe comment, dans le seul but d’arracher à la terre les trésors qu’elle contient, sans même tenir un registre de l’endroit exact et de la position où ils ont été découverts… »(Page 49)… » Les poteries évoluent et se transforment avec le temps. À partir de leur classification, nous serions en mesure d’établir une chronologie qui, par recoupements, nous permettrait de donner un âge précis à des milliers d’autres objets. Et, bien entendu, tous les autres débris, si modestes qu’ils soient, devraient recevoir le même traitement. Des débris qui sont aujourd’hui dédaignés, quand ils ne sont pas détruits ou emportés par des touristes ignorants ! Maspero ne s’intéresse qu’aux pièces importantes. Il lui faut de l’or, des pierres précieuses, des matières nobles. Il se moque de tout le reste et laisse briser ou voler dans son maudit musée quantité de témoins précieux de ce passé plusieurs fois millénaire. C’est honteux ! Absolument honteux ! » (Page 51.
En conclusion:
Beaucoup de charme pour ce premier opus d’une série consacrée aux aventures de l’archéologue en herbe Amélia Peabody et son mari Radcliffe Emerson, égyptologue de renom, à commencer par ce petit parfum suranné, rappelant l’atmosphère des romans d’Agatha Christie. Romanesque, aventures, des intrigues, une momie fantomatique, un brin de fantaisie et de modernisme en sont les principaux atouts. Un roman policier original, sans cadavre, avec pour cadre Tell Al-Amarna en Egypte, où l’on apprend une foule de choses intéressantes, dans lequel on ne s’ennuie jamais, tant le rythme est soutenu, dans lequel transparaît à chaque page l’amour d’Elizabeth Peters pour l’Egypte. Une très belle découverte!
Citations:
« L’endroit était horrible – une atmosphère étouffante et une obscurité que les flammes vacillantes des torches brandies par nos guides parvenaient à peine à dissiper. À chaque pas ou presque, je trébuchais sur des gravats ou des débris de toutes sortes. Jamais je ne m’étais autant amusée ! Je savourai chaque instant de notre progression, depuis la traversée de la chambre de la reine, si basse que je dus marcher courbée en deux, jusqu’à l’ascension périlleuse de la Grande Galerie, cette rampe majestueuse, avec son plafond très élevé. Une rampe si raide que, pour ne pas tomber en arrière, j’escaladai en me retenant aux bras secs et noueux de nos guides égyptiens. Il y avait aussi des chauves-souris. Mais, tout au bout, j’arrivai à la chambre funéraire du roi, avec ses parois en basalte et son sarcophage noir dans lequel avait été déposée, il y a plus de quatre mille ans, la momie de Kheops. En nage, le souffle court, j’éprouvais néanmoins un sentiment d’intense satisfaction. » (Page 35)
« Ils sont peut-être ignorants, répliqua-t-il, mais, au moins, ils sont francs et dépourvus d’hypocrisie. Seigneur Dieu, cela me rend fou quand je vois avec quel mépris les voyageurs anglais considèrent les « indigènes », comme ils les appellent. Il y a autant de gens bien parmi les Égyptiens que dans tout autre peuple. J’irai même jusqu’à dire que c’est un peuple admirable. Gentil, accueillant, fidèle, intelligent… Voyez-vous, pendant des siècles, ce malheureux pays a été occupé et opprimé par des envahisseurs. Grecs, Romains, Arabes et Turcs. Ils ont pillé ses richesses et continuent de les piller honteusement. Si ses habitants sont aujourd’hui en proie à la maladie, à la pauvreté et à l’obscurantisme, ce n’est pas leur faute et il suffirait qu’on leur rende leur liberté pour qu’ils montrent à nouveau au monde ce dont ils sont capables. » (Page 49)
« Vous voyez, milord, déclara-t-il en se tournant vers Lucas, c’est exactement comme dans les romans de votre bon M. Haggard. Il y a toujours un moment où l’héroïne doit sacrifier un jupon. C’est sans doute la raison pour laquelle les femmes continuent de porter, envers et contre tout, ces sous-vêtements ridicules et incommodes. Afin d’avoir toujours un morceau d’étoffe pour réaliser leurs fantasmes d’infirmière. »(Page 158)
« Nous dînions sur le pont supérieur. L’auvent était roulé et le ciel étoilé formait un plafond d’une splendeur qu’aucun palais oriental n’aurait pu égaler. Tandis que nous mangions, un sentiment d’irréalité m’envahit. Le temps semblait avoir fait un bond en arrière, en effaçant la semaine qui venait de s’écouler. Je me crus revenue aux premières nuits que nous avions passées à bord de la Philae. Tout était si familier et paisible… Le doux clapotis de l’eau contre la coque ; le balancement léger du bateau ; les voix chantantes des marins sur le pont inférieur ; la brise légère qui charriait les odeurs âcres de la cuisine égyptienne ; et, par-dessus tout, le parfum indéfinissable du désert lui-même. Un désert qui m’avait envoûtée. Je sentais déjà confusément que je resterais à jamais sa captive, même lorsque j’aurais regagné les brumes de la lointaine Albion. Si les événements des derniers jours n’avaient peut-être été qu’un rêve, il n’empêche qu’ils avaient donné à notre voyage un merveilleux goût d’aventure. »(Page 194)
Il donne vraiment envie de le lire … 😉 Merci pour le partage!
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