Publié dans éditions Presses de la Cité, cadavre, crime, enquête criminelle, NetGalley, Passion polar français

Passion polar français: Cruels sont les Rivages, Eric Le Nabour.

Le passé peut parfois se révéler meurtrier…

L’auteur:

Eric Le Nabour est un essayiste et romancier français né à Caen en 1960.

Il est l’auteur d’une quarantaine d’ouvrages, mais également de nombreux articles publiés dans Historia ou Chroniques de l’histoire. Il a fait partie de l’équipe de l’émission « Les Voyageurs de l’Histoire », diffusée sur France 2, animée par Jacques Martin, sur une idée d’Alain Decaux.

La plupart de ses romans, biographies de personnages célèbres et récits, font une large place à l’histoire. Cela lui vaut d’être sollicité, outre pour ses propres articles, mais également pour enrichir des dossiers publiés dans des revues grand public, comme Secrets d’histoire.

Le roman:

Cruels Sont les Rivages a été publié en 2022 par Les Presses de la Cité dans la collection Terres de France. Le style énergique et fluide se prête tout à fait à une intrigue policière: « On avait retrouvé son cadavre presque entièrement calciné au cinquième étage, crâne perforé. Les services scientifiques étaient immédiatement entrés en piste : vêtements, alliance, empreintes dentaires, examens osseux, plaque et arme de service retrouvées bizarrement à deux pas de lui. On ne lui avait jamais vraiment montré le corps ni communiqué le dossier médical. À la morgue, elle avait aperçu une forme sous un drap. Un faux mouvement du légiste avait alors arraché le tissu recouvrant le visage de Romain, et, durant une fraction de seconde, elle avait eu la vision d’une figure charbonneuse échappée d’un film gore. »(Page 8)

Thème: corruption policière.

L’intrigue:

Trois ans se sont écoulés depuis la mort inexpliquée de Romain. Six mois après son décès, comme l’enquête était toujours au point mort, Laura a démissionné de la police, à l’âge de 35 ans, et s’est réfugiée chez son père à Quiberon, avec ses deux filles.

Fin des vacances de la Toussaint. Météo maussade. Désormais, Laura dirige un magasin d’accastillage situé en plein centre ville de la cité balnéaire. Accaparée par son travail, elle n’a pas beaucoup de temps à consacrer à ses filles adolescentes. Et ne s’est pas rendu qu’elles semblent avoir changé de comportement.

Un soir, Laura les retrouve sur la plage, assises dans une Nissan de couleur foncée, en compagnie de…Romain! Bel et bien vivant. Mais à peine a-t-il le temps d’expliquer quoi que ce soit qu’il s’écroule, tué d’une balle dans la tête. 

Qui a été inhumé à la place de son mari dans le caveau familial du Père-Lachaise? Et pourquoi une telle mascarade? Qu’a-t-il fait pendant ces trois années? Qui l’a tué ici, à Quiberon, et pour quelle raison? Comment le tueur était-il au courant du rendez-vous de Romain avec ses filles?

Tellement de questions sans réponses. Tellement de mystères! Froide et déterminée, Laura n’a qu’une envie: reprendre l’enquête de son mari à zéro.  Sans soupçonner qu’elle s’engage sur un chemin semé d’embûches et d’obstacles. Mais elle veut savoir et comprendre. Elle en a besoin pour panser ses blessures et aller de l’avant…

Les personnages:

  • Laura Delgado: veuve de Romain, ancien lieutenant à la brigade des mineurs; pugnace, déterminée, ne s’en laisse pas conter, la réplique facile.
  • Nonce Agostini: ancien patron de Romain, d’origine corse; une légende vivante à la brigade des Stups.
  • Maurice Delgado: père de Laura, ancien docker, veuf.
  • Victoire: fille aînée de Laura, 13 ans, secrète, passionnée par la danse.
  • Angèle: aime la lecture, la bonne nourriture, rieuse et plus facile à vivre que sa sœur.
  • Werner Kraus: petit ami de Laura, originaire de Hambourg, amateur de cuisine de terroir et de bons vins, auteurs d’ouvrages culinaires; possède un catamaran.
  • Romain Leguenec: mari de Laura mort trois ans plus tôt; originaire de Carnac.
  • Ziad Chaumoun: ancien collègue de Laura, Libanais, honnête et serviable.
  • Olivier Ratier: collègue et ami de Romain qu’il considérait comme un frère, travaille à la Financière depuis deux ans. 
  • David Benayache: lieutenant à la SRPJ de Rennes.

En conclusion:

Un bon polar malgré un scénario convenu dont j’avais deviné certains passages, pas suffisamment masqués. Néanmoins, une intrigue solide portée par Laura Delgado, une femme courageuse, déterminée, qui ne lâche rien, qui se surnomme, elle-même, « la mule », ce qui n’est pas peu dire. J’ai beaucoup apprécié son caractère impétueux et son humour cassant. Afin d’aller au bout de ses investigations qui en dérangent plus d’un, elle n’hésite pas à se mettre en danger. Elle est prête à prendre beaucoup de risques, sauf compromettre la sécurité de ses filles.

Un roman d’atmosphère qui mérite le détour…

Citations:

« J’ai bien reçu le message. Mais je me fous de ce que vous pouvez penser, tout comme je me fous du système et de vos magouilles. Je ne suis plus fonctionnaire de police. Pour moi, vous n’êtes qu’un pion sur un échiquier trop grand pour vous. Depuis le début, vous n’avez fait que couvrir vos arrières. Votre prudence a été récompensée. Et la prudence fait rarement bon ménage avec la vérité. J’ai deux gamines là-haut qui ont des questions au sujet de la mort de leur père. Ceux qui ont fait ça à Romain ont commis une erreur de trop en gâchant leur avenir et je vais le leur faire payer, croyez-moi. »(Page 27)

« Laura se souvenait de la mise en garde d’Agostini à la sortie du cimetière à Carnac, de son regard dur sous la jungle des sourcils. Le Corse l’avait clairement dissuadée de fourrer son nez dans l’enquête. C’était compter sans son obstination. Aux Mineurs, certains la surnommaient « la Mule » pour son « entêtement maladif ». Elle ne lâchait jamais rien, et Agostini le savait. Il devait même avoir épluché son dossier pour essayer d’anticiper ses réactions, avoir un coup d’avance. Il allait garder un œil sur elle, scruter ses faits et gestes, suivre toutes ses démarches et enquêter sur ses talons. Agostini était un bouledogue et un vicieux, mais un flic de premier ordre. »(page 49)

« Un frisson la parcourut. Il existait tant d’ombres troublantes dans cette histoire qu’elle devait envisager les solutions les plus tordues. Un bref instant, elle se sentit perdue, incapable de jouer plus longtemps la comédie. Elle se mit à prier. Mais ce n’était pas à un quelconque dieu abstrait qu’elle s’adressait, plutôt à un ange gardien dont elle soupçonnait la présence. » (Page 173)

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