Un cosy mystery drôle, plein de fantaisie, un mélange d’humour, de fantasque et de sérieux irrésistible…
L’auteur:
Robert Thorogood est un scénariste et romancier britannique né en 1972 à Colchester, ville du comté d’Essex située sur la côte est. Il est le créateur de la série de BBC One » Meurtres au paradis » récompensée par l’Awards français En route to France en 2012.
Robert Thorogood a fait ses études à la Uppingham School dans le Rutland ( comté des Midlands) où il a rencontré sa future femme, la présentatrice de radio de Classic FM Katie Breathwick. Il a étudié l’histoire au Downing College de Cambridge où il a fait une tournée avec la troupe de comédiens Footlights en 1993 et a été nommé président des élèves en 1994. Peu de temps après avoir quitté Cambridge, Thorogood a monté une compagnie de théâtre qui fit des tournées dans de petits théâtres et des écoles, le point culminant étant la production de L’Avare, pièce de Molière qu’il a mise en scène et dans laquelle il a joué avec Robert Webb, David Mitchell et Olivia Colman.
Thorogood a écrit pendant de nombreuses années – proposant des scripts à la BBC, à ITV ainsi qu’à des compagnies de films indépendantes – mais avant 2011 le seul de ses scriptes qui a été produit était un téléfilm d’après-midi de Radio 4 appelé De l’abstraction sur la vie du mathématicien Paul Wolfskehl.
En 2020, il fut annoncé que Robert Thorogood était en train d’écrire un nouveau roman à énigme, The Marlow Murder Club. Le roman se concentre sur un groupe de vieilles dames qui forment un club afin d’enquêter sur une série de meurtres. Le premier tome, publié en Janvier 2021, a reçu de très bonnes critiques et a été choisi comme livre du mois par l’association des libraires. Une suite sera publiée en Décembre 2021.
Le roman:
Les Dames de Marlow Enquêtent Mort Compte Triple, The Marlow Murder Club dans la version originales parue en 2021, traduit par Sophie Brissaud, a été publié par les éditions de La Martinière en 2022. Le style caractérisé par un ton léger, souvent très drôle, procure une sensation de lecture très agréable: « À minuit, Judith s’aperçut que la carafe à whisky, sur la petite table à côté d’elle, était vide. C’était signe qu’il était l’heure d’aller au lit. Gravissant d’un pas mal assuré le lourd escalier de chêne, elle s’aperçut qu’elle serrait la rampe un peu plus que d’ordinaire. Elle tourna à gauche alors que sa chambre était à droite, mena un bref combat contre une plante verte récalcitrante, mais retrouva son chemin et parvint saine et sauve à destination. Judith adorait sa chambre, dont les lambris étaient peints en vert pâle et le majestueux lit à baldaquin recouvert d’une tapisserie représentant une scène de chasse médiévale. Que cette chambre fût jonchée de vieux vêtements, de repas à demi terminés, de piles de journaux et de magazines abandonnés ne la gênait nullement. « (Page 15)
L’intrigue:
Alors que par un soir d’été caniculaire Judith, comme à son habitude, nage nue dans la Tamise, elle entend un coup de feu provenant de chez son voisin. Certaine qu’il lui est arrivé quelque chose, elle prévient la police. Mais cette dernière ne trouvant rien de suspect, l’enquête est close avant que de commencer. Pourtant, Stefan a bel et bien disparu, laissant sa voiture garée dans l’allée de sa maison.
Comme elle est certaine de ce qu’elle a entendu, Judith inspecte les environs de la maison voisine. Et retrouve le pauvre homme coincé dans le déversoir qui jouxte la roue de son moulin. Mort. Une balle dans le front. Il ne s’agit clairement pas d’un accident. Encore moins d’un suicide.
La mort du galériste a-t-elle un rapport avec la dispute qui l’a opposé à Elliot Howard, propriétaire de la salle des ventes de Marlow, quelques semaines plus tôt? Ou avec la tentative de cambriolage dont il a été victime, une semaine après cette fameuse dispute. Malgré les circonstances, la police ne croyant toujours pas au meurtre, Judith prend les choses en main.
Elle se demande si le meurtrier ne serait pas l’inconnu avec lequel Stefan s’est violemment querellé à sa galerie, seulement quelques jours avant sa mort. Le fait que l’arme du crime soit un pistolet allemand datant de la seconde guerre mondiale n’est-il qu’une curieuse coïncidence? Qui a tué le chauffeur de taxi Iqbal Kassam, un homme doux et inoffensif, d’une balle dans la tête pendant son sommeil? Judith se demanda si le pauvre homme avait pu voir ou entendre quelque chose de compromettant…A moins qu’un tueur en série ne se soit installé à Marlow !!
Les personnages:
Les trois dames du Murder Club:
- Judith: l’initiatrice du club; personne excentrique, qui boit du whisky, nage nue dans la tamise, se déplace à vélo; observatrice, téméraire, nature optimiste, n’a pas froid aux yeux; de loin, le moteur du club. Un personnage attachant que l’on a envie d’avoir pour amie.
- Rebecca Starling, surnommée Beck: femme au foyer timide et effacée, qui s’investit beaucoup dans la paroisse pour seconder son mari, mais également dans son foyer; aspire à la perfection dans tout ce qu’elle fait; aime que les choses soient en ordre. Capable de prendre le taureau par les cornes lorsque c’est vraiment nécessaire.
- Suzie Harris: promeneuse de chiens peut-être encore plus excentrique que Judith (je n’ai pas encore tranché la question); n’a pas sa langue dans sa poche, manières rustres, mais efficace dans l’action.
- Stefan Dunwoody: voisin de Judith; propriétaire de la galerie d’art de Marlow; pas aussi honnête qu’il le laissait supposer.
- Tanika Malik: inspectrice au commissariat de Maidenhead; efficace et compétente bien qu’elle soit dépourvue d’imagination.
- Antonia Webster: assistante de Stefan pendant l’été.
- Colin Starling: vicaire, mari de Beck.
- Iqbal Kassam: chauffeur de taxi; homme très gentil, toujours de bonne humeur et prêt à rendre service, digne de confiance.
- Elliot Howard: propriétaire de la salle des ventes; bonne réputation dans son commerce.
- Daisy: épouse d’Elliot.
- Liz Curtis: propriétaire du club nautique de Marlow, ancienne rameuse de haut niveau; une battante, concentrée et déterminée.
En conclusion:
Quel régal!! Pour ceux qui connaissent les romans de la série Meurtres au Paradis, vous retrouverez la même ambiance un peu déjantée, ce petit grain de fantaisie qui donne aux romans de Robert Thorogood leur cachet original.
Les atouts de Meurtre Compte Triple: l’humour de situations comiques, parfois même aussi désopilantes que les films muets de Charlot ou Buster Keaton (comme lorsque Judith trouve Beck cachée dans le placard de la sacristie), une intrigue solidement bâtie, des personnages que l’on aime retrouver, comme de vieux amis. On se surprendrait presque à entrer chez Judith, s’asseoir dans un fauteuil confortable et partager un bon whisky en réfléchissant sur le dernier meurtre survenu à Marlow…
Citations:
« Accepter cette eau froide sur sa peau était pour elle une expérience quasi religieuse. Elle expira profondément quand, penchée en avant, elle s’offrit à l’étreinte du fleuve. Soudain, elle fut délestée de toute pesanteur, soulevée par une onde caressante, douce à son corps comme de la soie. Elle nagea à contre-courant parmi les éclats de lumière que le soleil du soir projetait sur l’eau. Elle sourit, comme toujours quand elle nageait ainsi. C’était plus fort qu’elle. Après tout, des gens pouvaient promener leur chien sur le sentier de halage, et si elle tournait son regard vers le clocher de l’église de Marlow et le pont suspendu d’époque victorienne qui reliait la petite ville au village de Bisham, il y avait pas mal de monde. Mais personne, parmi ces gens, ne se doutait que, tout près d’eux, une dame de soixante-dix-sept ans nageait toute nue » (Page 11)
« Faites l’impossible pour que ça avance. Mais elle faisait déjà l’impossible ! Le problème était financier. Son équipe n’avait pas assez de moyens. Des années de restrictions budgétaires avaient obligé la police à faire les pieds au mur, et le point de rupture était proche. Voilà pourquoi il n’y avait personne pour remplacer l’inspecteur Hoskins pendant son arrêt maladie. Voilà aussi pourquoi, soupçonnait Tanika, le commissaire n’avait pas encore réussi à la faire seconder par un autre inspecteur : ce renfort devait coûter très cher et il fallait éviter par tous les moyens que le commissariat de Maidenhead en fasse les frais. » (Page 209)