Publié dans Passion thriller, thriller ésotérique

Passion thriller :Le mystère Fulcanelli, Henri Loevenbruck.

Troisième opus de la série consacrée à Ari Mackenzie: qui se cache réellement derrière le pseudonyme de « Fulcanelli ». Une passionnante enquête…

L’auteur: 

Henri Loevenbruck est un écrivain, chanteur et musicien français né à Paris le 21 mars 1972. Auteur de thrillers, de romans d’aventure et de fantasy, ses romans sont traduits dans plus de 15 langues. Il poursuit par ailleurs une carrière d’auteur, compositeur, interprète en écrivant des chansons pour d’autres artistes français ou pour lui-même.henri loevenbruck

Le roman:

Le Mystère Fulcanelli est le troisième roman de la série « Ari Mackenzie, le premier étant Le Rasoir d’Ockham (2008) et le second Les cathédrales du vide (2009).Il a été publié en 2013 par les éditions Flammarion. Il propose une réponse au mystère de la véritable identité de Fulcanelli, le fameux alchimiste du 20 ème siècle, réponse qui s’appuie sur des recherches très sérieuses et documentées. Les amateurs d’histoire, d’ésotérisme et de mystères adhéreront à ce récit avec bonheur, tandis que les lecteurs en quête de frisson et de divertissement seront également comblés.

Découpage:

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In Ictu Oculi

Livre premier: In Ictu Oculi: expression latine qui signifie « En un clin d’œil »: c’est le titre d’un tableau du peintre baroque espagnol Juan de Valdes Leal (1622-1690) présentant une juan-de-valdes-lealallégorie de la mort, oeuvre réalisée vers 1671 et mesurant 2,2 mètres de haut. Il constitue l’une des deux vanités ( nature morte à implication philosophique qui évoque à la fois la vie humaine et son caractère éphémère) peintes pour l’hôpital de la Charité de Séville. Le personnage central est un squelette; sur le sol, se trouvent un cercueil ouverts et des symboles de richesse et de pouvoir. Le squelette éteint une chandelle qui symbolise la vie, au-dessus de laquelle figure le titre du tableau. Un volume des croquis de Rubens de l’arche de Triomphe d’Anvers, honorant la visite du cardinal-infant Ferdinand, nouveau gouverneur, en 1634, constitue un symbole de désillusion politique. La deuxième vanité de la paire s’intitule « Finis Gloriae Mundi » qui signifie  » la fin de la gloire du monde »; elle représente un évêque mort et un chevalier.

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Eglise de la Santa Caridad à Séville

Livre second: Nimas Nimenos: qui signifie « Ni plus ni moins ».

Livre troisième: Finis Gloriae Mundi: qui signifie « La fin de la gloire du monde ».

Les thèmes:

Le fil rouge du roman, comme l’indique le titre, est l’enquête qui consiste à répondre à la question suivante: qui se cache en réalité derrière ce pseudonyme de « Fulcanelli ». Car, en réalité, personne ne le sait vraiment: « Cela reste la plus grande énigme de l’alchimie moderne. Il y a souvent eu un manque de rigueur scientifique dans les recherches qui ont été menées jusqu’à présent. A ma connaissance, aucun historient officiel, rattaché à une université par exemple, ne s’est penché sur la question. Il y a cependant eu de nombreuses hypothèses, certaines intéressantes, d’autres fumeuses.(…)

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Vieux manuscrits

Régulièrement, il se trouve un petit malin pour sortir un  nouveau nom comme on sort un lapin d’un chapeau de magicien. Mais aucune de ces hypothèses n’est historiquement étayée. » (Pages 40/41). Ainsi, les thèmes développés tournent autour de l’alchimie et l’ésotérisme, mais également la bibliophilie.

 

Grâce à Henri Loevenbruck, la définition de l’ésotérisme, même sommaire puisqu’il s’agir d’un divertissement, devient très accessible et beaucoup plus crédible que toutes les fadaises que l’on peut lire ou entendre de la part des ignorants : « Je ne vais pas te faire un exposé, rassure-toi, mais disons que l’alchimie repose sur l’idée que tout est perfectible. L’esprit, la matière, l’homme. C’est donc une quête de purification, qui n’est pas seulement spirituelle, mais bien physique. En gros, pour la plupart des alchimistes, l’homme, la nature, la matière se sont abîmés au moment du péché originel. Par la recherche, par la connaissance, les alchimistes entendent redonner à la matière et à l’homme leur pureté première.

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Alchimie

Ainsi, c’est en effet une pratique dont l’objet n’est pas simplement de transformer le plomb en or, mais d’accomplir le grand Œuvre, lequel, en effet, permettrait la transmutation des métaux mais aussi celle de l’homme, avec la découverte de ce qu’ils appellent la « médecine universelle (…)Il n’en reste pas moins que l’alchimie a historiquement permis de mettre au point des procédés comme l’hydrolyse, la fermentation, la distillation et même de comprendre la photosynthèse, ou de découvrir l’acide sulfurique ou le phosphore. » (Pages 30/31).

L’intrigue:

Tout commence avec l’assassinat d’un inconnu dans l’église de la Santa Caridad de Séville, ville où Canseliet aurait croisé Fulcanelli alors âgé de 113 ans, en 1952. Afin d’en savoir plus, Radenac demande à son ami Ari, sachant l’intérêt et les connaissances de ce dernier pour l’alchimie, d’éclairer sa lanterne en lui expliquant qui était Fulcanelli.

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Canseliet

Suite à la disparition de Giacomo Mazzoleni, bibliophile et collectionneur retrouvé mort d’une crise cardiaque dans son fauteuil par sa propre fille Gabriella, et au vol d’un mystérieux carnet lui appartenant qui serait de la main de Fulcanelli, Ari, engagé par la dite Gabriella, décide de mener sa propre enquête, en parallèle de l’enquête officielle ,menée par Radenac, afin de retrouver le carnet et surtout de satisfaire sa curiosité personnelle : ce carnet est-il authentique ou, comme le pense Mackenzie, une supercherie?

Commence alors une enquête aventureuse au sein des milieux ésotériques qui le mèneront aux quatre coins de Paris, mais également à Séville et sur l’île de Jersey, sur les traces du plus fameux et aussi du plus mystérieux alchimiste du XXe siècle: Fulcanelli. Elle le mènera également sur les chemins hasardeux de la quête de soi, de son amour pour Lola, de savoir finalement quelle tournure Ari veut donner à sa vie personnelle.

Mais qui est Fulcanelli? C’est sous ce nom que furent publiés deux ouvrages, Le Mystère des cathédrales en 1926 et Les Demeures Philosophales en 1930, se proposant de décrypter la symbolique alchimique de certains monuments tels que Notre-Dame de Paris,

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Notre-Dame de Paris

la cathédrale d’Amiens et l’hôtel Lallemant de Bourges. Ces deux ouvrages furent préfacés par Eugène Canseliet (1899-1982) qui se présente comme le disciple en alchimie de

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Cathédrale d’Amiens

Fulcanelli qu’il aurait fréquenté de 1916 à 1922; c’est grâce à lui que les principaux éléments de la biographie du maître furent connus du grand public, à savoir qu’il serait né en 1839 et aurait consacré sa vie à l’alchimie et au mystère de la pierre philosophale afin de percer le secret de la transmutation du plomb en or et de la vie éternelle.En réalité, personne

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Hôtel Lallemant

ne sait qui se cachait sous ce nom malgré de nombreuses hypothèses émises au cours des années. Le Mystère Fulcanelli se propose donc, sous forme de fiction, d’explorer les différentes voies qui résoudraient le mystère de l’identité de Fulcanelli en proposant une hypothèse qui, comme toute hypothèse, n’a rien de définitif ni de sûr à 100%, mais à au moins le mérite de s’appuyer sur des recherches sérieuses et extrêmement bien documentées.

Le travail de la police: Henri Loevenbruck attache beaucoup d’importance aux plus infimes détails afin d’offrir à ses lecteurs un roman le plus réaliste possible.Par exemple, quand il explique le travail d’enquête de la police: « Il s’agissait -travail fastidieux- de rédiger et d’envoyer des réquisitoires judiciaires à tous les opérateurs téléphoniques du territoire. D’abord à celui qui assurait la lignetelechargement-7 fixe de M. Mazzoleni – le vieil homme n’avait pas de téléphone mobile- afin qu’il envoie un fichier avec les factures détaillées, ou « fadettes » de la dite ligne, sur une période d’un an. En général, cela ne prenait que vingt-quatre heures. Ensuite -et c’était plus long – il fallait obtenir de tous les opérateurs mobiles la liste des numéros ayant déclenché le relais de la rue Vivienne le samedi 1er juin entre midi et dix-huit heures.  Une fois toutes ces données récupérées, elles pourraient être intégrées par un agent spécialisé de police scientifique dans un logiciel d’analyse criminelle. » (Page 157).

Les personnages:

  • Ari Mackenzie: quadragénaire, a ses habitudes au Sancerre, a quitté la DRCI (Direction Centrale du Renseignement Intérieur) 4 ans avant cette présente enquête; depuis le précédent roman, il a grossi, a vieilli ( cernes, traits tirés, joues légèrement bouffies, cheveux poivre et sel) mais il a toujours une lueur espiègle dans le regard; il professe un humour noir; a du succès auprès des femmes, surtout les jeunes; il a le cœur sur la main mais est très orgueilleux.  « Si tu savais le nombre d’amis qui m’ont planté des couteaux dans le dos quand je suis parti de la DRCI, y compris des amis de vingt-cinq ans, des vrais, des purs, des « qui ne te trahiront jamais »…Tu te souviens de ces deux enflures de Marsac et Nevers aux RG? Ces grands humanistes, mes « meilleurs amis du monde », qui m’ont sodomisé jusqu’à la moelle dès que ça a commencé à sentir le roussi? Pour sauver leurs fesses, ces merdeux ont piétiné vingt-cinq ans d’amitié et de beaux discours, sans même sourciller. » (Page 195).
  • Béné:  serveuse du Sancerre.
  • Radenac: 40 ans,  brigadier-chef au poste de police du Palais-Royal, dans le premier arrondissement, service spécifique où l’on s’occupe d’affaires dont l’auteur des faits n’a pas encore été identifié.Bâti comme un joueur de rugby. « Radenac était un genre d’autodidacte. Son bac en poche, il était devenu policier auxiliaire pendant son service militaire, et c’était ainsi que cette force de la nature était entrée dans la « maison Poulaga »(…) Ce solide gaillard au franc-parler, qui venait d’un milieu modeste, s’était forgé tout seul une culture générale assez étonnante… »
  • Lola Azillanet: ex petite amie d’Ari, 30 ans, travaille dans une librairie place de la Bastille.la-bastille
  • Thomas: compagnon de Lola au début du roman.
  • Maxime: fils de Thomas et Lola.
  • Marcelo: propriétaire de la librairie où travaille Lola.
  • Gabriella Mazzoleni: fille de Giacomo Mazzoleni, propriétaire d’une galerie d’art. Belle quadragénaire à la figure pâle, gracile, aux traits délicats, aux cheveux noirs de jais frisottants, d’origine italienne.
  • Giacomo Mazzoleni: collectionneur d’art, passionné d’ésotérisme, père de Gabriella.
  • Florence Ginhoux: capitaine de police, supérieure de Radenac.
  • Jacques Mackenzie: père d’Ari, flic à la retraite.
  • Guillaune Briand: bibliophile, historien du livre, ami de Radenac.
  • Krysztov Zalewski: polonais, ami de Mackenzie et de Lola, garde du corps SPHP (service de protection des hautes personnalités).
  • Iris Michotti: ancienne collègue d’Ari qui, à l’occasion, lui fait des recherches.
  • Jacquet: collègue de Radenac; « Jacquet, figure atypique du poste de Palais-Royal, était une sorte de biker tatoué des pieds à la tête, le visage fin, les traits taillés à la serpe, avec des cheveux jusqu’aux épaules. Il parlait dans un argot désuet qui collait parfaitement à son parcours de flic syndicaliste, ce qui en faisait, nécessairement, le collègue préféré de Radenac, mais aussi un pitre beaucoup moins apprécié de la hiérarchie. »… »Jacquet était un excellent flic, peut-être même l’un des meilleurs qu’il avait rencontrés dans sa carrière, mais il mettait un point d’honneur à ne jamais marcher dans les clous, ce qui obligeait tous ceux qui le rencontraient à s’interroger un peu sur le sens de leur propre soumission… »
  • Le couple Ari/Lola: « Ari avait l’impression de ne pas être lui-même dès qu’il était question de Lola. Soudain, il perdait de sa superbe, de son flegme, de son détachement. Soudain, il devenait un enfant, irrationnel, incapable de prendre la moindre décision, de formuler le moindre jugement. Et il n’y avait rien de plus humiliant que d’en avoir conscience (…) Quel idiot! Pourquoi ne l’avait-il pas embrassée? Pourquoi ne l’avait-il pas prise dans ses bras, serrée contre lui? Par fierté, par respect ou par lâcheté? »… »Il y avait eu des mots et des regards impudiques – car quand on aime on est vite nu. Malgré leurs dix ans d’écart, ils avaient partagé plus vite que de raison une intimité, une complicité de corps et d’esprit dont la magie ne pouvait porter d’autre nom que celui de passion. Et puis, comme souvent, c’est en s’abandonnant aux flammes de celle-ci qu’ils s’étaient brûlés l’un et l’autre. La réalité, cette vieille garce, les avait rattrapés. Une réalité d’une pathétique banalité: elle voulait un enfant, il voulait être libre. Et leurs chemins s’étaient séparés, laissant des plaies ouvertes, et chacun avait fait semblant de croire que c’était la meilleu
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    Esotérisme

    re solution. » (Page 105).

  • Fraternité d’Héliopolis: Sophronos; Archo; Orthon; Epistémon.

Les lieux et les ambiances:

Une partie de l’histoire se déroule dans la librairie où Lola travaille. Voici comment l’auteur la décrit: »La boutique, après 40 ans de résistance, était devenue une figure emblématique du quartier. La dernière librairie indépendante de la Bastille. Ici, les clients pouvaient rester des heures à papoter, feuilleter des livres, échanger des avis, refaire le monde. » (Page 27).

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Paris

Paris: « Ils étaient arrivés à mi-hauteur des grandes marches du square Louise-Michel et s’installèrent sur l’un des quatre bancs situés au milieu de la pelouse, depuis lesquels, dos à l’inélégante architecture pâtissière du Sacré-cœur, on avait une vue imprenable sur la capitale. » (Page 35) =>Quelle délicieuse manière de décrire la basilique de la discorde !! ….Une autre vue, un autre quartier, comme une visite guidée des endroits inconnus ou insolites de la capitale: « C’était un bel immeuble haussmanien, à quelques pas du Châtelet, depuis lequel on pouvait admirer le clocher gothique du XVIe siècle, qui se dressait au milieu d’un square, dernier vestige de l’église Saint-Jacques de la Boucherie, si chère aux alchimistes et, selon la légende, à un certain Nicolas Flamel ». (Page 197).

Le Temple de l’Amitié: « Le bâtiment dans lequel entrèrent les trois hommes, aux environs de vingt heures, est sans doute l’une des curiosités les moins connues de la ville de Paris, mais son histoire, pourtant, ne manque point de piquant…Baptisé temple de l’Amitié, cet édifice se cache parmi les arbres, au fond d’une parcelle privée de la rue Jacob, dans le VIe arrondissement de la capitale (…)Construit au tout début du XIXe siècle, cet insolite bâtiment, dont la surface dépasse à peine les trente mètres carrés, imite, à  petite échelle, un temple de l’Antiquité. Quatre colonnes doriques quadrillent sa façade, dont le tympan est orné de moulures en couronnes de fleurs, et sur son fronton sont gravés en lettres capitales les mots A l’Amitié. » (Pages 54/55).

Enfin un lieu beaucoup moins poétique, le commissariat: « (…)vieux poste de police du 1er arrondissement, un endroit familial où la plupart du temps on travaillait sous ses ordres en bonne intelligence. Au premier étage de cet immeuble haussmanien désuet, prêté à la police nationale par la Banque de France, la petite équipe de 7 enquêteurs vivait dans une promiscuité où la courtoisie était de mise; l’étage se résumait à quatre bureaux(…)Tout le monde se connaissait bien et, en l’absence d’un commissaire, l’ambiance était plus détendue ici que dans la plupart des antennes de police de la capitale. A quelques pas des Halles, il y avait néanmoins beaucoup de travail pour cette unité d’investigation et, si l’on savait se détendre en temps voulu, on résolvait ici suffisamment d’affaires pour que le ministère ne se décide pas -pour l’instant- à fermer cette succursale peu ordinaire. » (Page 85).

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Mon avis: 

De loin le meilleur thriller que j’ai lu ces cinq dernière années. L’enquête est bien menée, les personnages sont très plaisants et crédibles illustrés dans une galerie de portraits savoureuse, notamment avec le personnage de Jacquet, les dialogues sont fluides, dans une langue accessible, simple et directe, comme dans la réalité, ce qui facilite l’entrée du lecteur dans ce récit qui aborde pourtant des thèmes qui sont loin d’être aisés à pénétrer. On sent que l’auteur est passionné par son sujet et qu’il défend sa version avec passion, compétence relevée d’une pointe d’humour très agréable.

Toutefois, je dois avouer que les passages relatant les biographies des « fulcanellisables » m’ont parfois semblé un peu longs. Bémol tempéré par les prises de position de l’auteur concernant les librairies, son amour des livres qui transparaît ici et là au cours du récit. J’ai également beaucoup apprécié sa passion discrète mais bien réelle pour son sujet qui donne envie au lecteur d’en savoir plus, de creuser les pistes développées, ce qui donne à son roman autant de valeur que les nombreux essais et exposés sensés révéler l’identité du maître, avec à la clé une bibliographie.

Et la cerise sur le gâteau: le happy end…

Citation: 

« Une librairie qui meurt, ce n’est pas une page qui se tourne, c’est un livre qui se ferme, à jamais. »

Interview exclusive de l’auteur:

1) Pourquoi et comment avez-vous choisi le sujet « Fulcanelli » comme base pour un thriller ésotérique, au passage très bien ficelé, sujet tombé dans l’oubli depuis les années 60?

D’abord parce que c’est un sujet qui m’a toujours intéressé, sur lequel je suis tombé adolescent, et que j’ai toujours gardé dans un coin de ma tête l’idée d’un roman inspiré de cette histoire. Ensuite parce que c’est un sujet qui me permettait d’illustrer une nouvelle fois le propos que j’ai tenu dans tous mes thrillers dits « ésotériques » : la vérité historique est bien plus merveilleuse que l’affabulation fantaisiste. On peut s’intéresser à l’ésotérisme sans sombrer dans le charlatanisme, à condition de le prendre pour ce qu’il est : une méthode intime et indicible de travail sur soi, et non pas un charabia rocambolesque et sensationnaliste.

2) On sent à la lecture de votre roman la très solide documentation. Combien de temps de recherches avez-vous consacré à ce roman?

En réalité, je me suis intéressé à ce sujet pendant près de vingt ans, puisque je n’ai cessé de lire tout ce qui sortait au sujet de Fulcanelli depuis mon adolescence. Mais c’était pas curiosité, pas dans l’optique précise d’écrire un roman. Le mystère de son identité – une amusant mascarade – est un véritable jeu romanesque qui se prête à merveille au genre policier. Le jour où je me suis donc décidé à en faire un roman, il m’a fallu un peu moins de deux ans pour vraiment consolider ma documentation.

3) Avant de songer à écrire ce roman, manifestiez-vous un intérêt particulier pour l’ésotérisme et les sciences occultes?

Oui. Je me suis toujours intéressé à l’ésotérisme, non pas pour ce qu’il aurait de magique ou de fantastique, mais bien pour ce qu’il comporte de volonté sincère chez l’homme de se dépasser, de s’améliorer. L’ésotérisme m’intéresse quand il est humaniste et progressiste. En revanche, les sciences occultes… (deux termes qui me semblent d’ailleurs totalement antinomiques), elles ne m’ont jamais réellement intéressé pour autre chose que leur aspect romanesque…

4) N’ayant pas lu les deux premières enquêtes de Ari Mackenzie, j’ai fait sa connaissance avec « Le Mystère Fulcanelli ». Comment avez-vous construit votre personnage? Vous êtes-vous inspiré d’une personne de votre connaissance?

Ari est, je dois le confesser, une caricature romancée de ma propre personne, mais avec le physique de mon plus vieil et plus fidèle ami… On n’écrit jamais aussi bien que sur ce que l’on connaît parfaitement.

5) Visitez-vous toujours les lieux que vous évoquez dans vos romans? 

Presque toujours. Et je le fais équipé d’un enregistreur pour prendre des notes vocales au fur et à mesure de mes visites. Quand vraiment je ne peux pas visiter un lieu que je décris, je me documente avec acharnement.

6) J’aime beaucoup la façon dont vous mêlez érudition et divertissement ( j’ai lu également « Le Testament des Siècles » et j’ai dévoré la saison 1 de « Sérum »). Pensez-vous que les livres, les librairies et les bibliothèques sont voués à disparaître à plus ou moins court terme?

Les livres et les bibliothèques ne disparaîtront jamais. Peut-être que le numérique finira par l’emporter réellement sur le papier – ce dont je continue de douter, même si cela fait dix ans qu’on nous le prédit, cela tarde à venir – mais les livres, soient-ils numériques, continueront d’exister. Pour les libraires, il ne faut pas se voiler la face, cela va être de plus en plus compliqué, et cela me désole profondément. Nous avons laissé crever les disquaires. Nous devons nous battre pour protéger les libraires, qui ont un rôle social à tenir aussi essentiel, à mon goût, que le bon vieux bistrot du coin.

Un grand merci à Henri Loevenbruck pour sa gentillesse et sa disponibilité…et pour ses romans que nous souhaitons nombreux à venir…

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