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Dossier n°12: Histoire de la médecine légale.

Naissance et développement de la médecine légale…A quelle époque a-t-on commencé à se pencher sur les cadavres afin de déterminer la cause de leur décès? Depuis quand cherche-t-on à savoir, dans le cas d’un décès brutal, si la cause est naturelle ou provoquée par un ou plusieurs individus? 

1- Criminalistique dans le monde antique:

Les historiens savent depuis longtemps que les civilisations antiques utilisaient les empreintes digitales, que ce soit pour des affaires juridiques ou commerciales, à des fins d’identification, notamment les Babyloniens qui pressaient leurs doigts sur des tablettes d’argile.

Du plus loin que remonte la mémoire de l’homme, des témoignages de peines légales à l’encontre de ceux qui ont tué, mutilé ou blessé d’autres personnes sont attestés. Mais l’attribution de sanctions ne pouvait se faire sans la mise en évidence de lésions corporelles au moins par un examen externe du corps. On peur coter, en guise

code hammurabi
Code Hammurabi

d’exemples, les textes de loi hindous, Dharma-sutras et Dharma-sastras entre 600 avant notre ère et 600 après; ou les Sumériens avec le code Ur-Nammu, rédigé vers 2100 avant J.C., et les Babyloniens avec le code Hammurabi rédigé lui vers 1750 avant J.C.

 

Vers 200 avant notre ère, les princes chinois utilisaient l’empreinte de leurs pouces pour authentifier les documents importants qu’ils adressaient aux administrateurs de empreinte pouceleur Etat. Quelques siècles plus tard, le marchand Suleyman précisait que les empreintes digitales d’un débiteur, apposées sur une facture, constituaient une preuve légale de la dette contractée.

Erasistrate, médecin grec ayant vécu de 310 avant J.C. à environ 250 avant J.C., fondateur d’une école d’anatomie à Alexandrie, mit au point le premier détecteur de mensonge. En effet, il constata que le pouls de ses patients s’accélérait quand ils mentaient !! D’ailleurs, dans le but de comprendre comment le corps humain fonctionne, et non pour élucider des morts suspectes, il pratiquait des autopsies; il disséqua même un cerveau humain et fut à deux doigts de découvrir la circulation sanguine !!

Les anciens Égyptiens  accordaient une grande importance aux preuves produites lors des procès, au point que des spécialistes étaient chargés d’examiner ces documents. Lors d’une affaire de propriété foncière, des enquêteurs falsifièrent des documents. Le requérant, un certain Moïse, fit venir des témoins qui attestèrent que son père avait bien cultivé la parcelle en question et s’était acquitté de l’impôt, car les tribunaux égyptiens accordaient plus de valeur aux témoignages qu’aux documents. Il pouvait même arriver que les juges se déplacent sur une scène de crime afin de recueillir des éléments probants, amenant avec eux l’accusé afin qu’il soit interrogé sur les lieux même de son forfait.

Les Romains approfondirent les connaissances héritées des Grecs en matière d’anatomie en les appliquant au meurtre. C’est ainsi qu’en 44 avant J.C., le médecin

jules césar
Jules César

Antistius procéda à un examen du cadavre de Jules César, assassiné pendant une session du Sénat. Malheureusement, on ignore les détails de cet examen, notamment s’il y eut ouverture du corps ou une simple inspection externe avec sondage des plaies à l’aide d’un stylet. Par contre, on sait avec certitude qu’ Antistius conclut que seul un coup sur les 23 reçus fut fatal au général romain, sans que l’on sache quel organe vital fut touché. Vers la fin du premier siècle de notre ère, les Romains introduisirent au

quintilien
Quintilien

tribunal l’usage des preuves relevées sur les lieux d’un crime. Ainsi, l’orateur Quintilien parvint à prouver que des empreintes palmaires ensanglantées avaient été apposées dans le seul but d’incriminer un  aveugle en lui faisant porter la responsabilité du meurtre de sa mère.

 

Pour autant, les autopsies, telles que nous les pratiquons de nos jours, n’étaient pas courantes. On se contentait souvent d’écarter les bords des plaies profondes afin de visualiser les organes ainsi mis à nu. Par contre, l’exposition, publique ou non, des corps afin d’observer les lésions traumatiques, la vérification de l’identité d’un défunt par reconnaissance faciale ou de signes distinctifs (tatouages, cicatrices, bijoux…) étaient couramment utilisées, notamment pour Scipion l’Africain, mort brutalement en -183 à Linterne, en Campanie, ou pour le général Germanicus, probablement empoisonné en 19 après J.C. près d’Antioche.

2- Criminalistique au Moyen-Age:

Le premier exemple de l’utilisation d’insectes dans le but de démasquer un criminel eut lieu en Chine, au 13 ème siècle. Dans un village, la victime fut retrouvée poignardée insectesans que personne n’avoue ce crime. Sun T’zu, l’enquêteur, connaissant la faculté des mouches de détecter des odeurs non décelables par les humains, demanda à tous les villageois d’apporter leurs serpes et de les poser sur le sol. Bientôt, les incestes, attirés par d’infimes traces de sang et de tissus humains, se rassemblèrent sur l’une des serpes, permettant à Sun T’zu d’accuser le propriétaire de l’outil qui avoua. Ce compte-rendu fut inscrit dans le premier rapport écrit faisant état de l’usage de connaissances médicales lors d’une enquête criminelle: Xi Yuan Ji Lu (recueil de cas d’injustices redressées) rédigé en 1247 par Song Ci (1186-1249), un haut magistrat chinois. Cet ouvrage, précurseur dans le domaine de la médecine légale, connut un vif succès pendant plusieurs siècles.

Preuves médicales au tribunal: Si, comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, des preuves médicales furent parfois utilisées devant les tribunaux de l’Antiquité, ce n’est qu’au 13 ème siècle qu’elles furent acceptées dans les affaires judiciaires du nord de l’Italie. En effet, de nouvelles lois permirent que des experts médicaux soient désignés afin de conseiller les tribunaux, et des règles furent établies quant aux qualifications nécessaires pour devenir expert. Ainsi, les chirurgiens médicolégaux virent leur profession reconnue, et des nominations de spécialistes intervinrent dans divers services de police.

Opium et vin: A Bologne, Hugues de Lucques, chirurgien auprès des Croisés, fondauniversité bologne l’école de chirurgie de l’université de Bologne. Il y introduisit l’idée d’utiliser le vin pour nettoyer les plaies. Il devint un expert médico-légal en 1249. Son fils et disciple, Théodoric de Lucques, enseigne également à Bologne. Il introduisit l’usage d’éponges imbibées d’opium comme anesthésiant.

Les dissections: Bien qu’en 1302, Bartolomeo de Varignon ait effectué une autopsie médico-légale afin de s’assurer que le noble du nom d’Azzolino avait bien été assassiné, on pratiquait bien peu d’autopsies au Moyen-Age, principalement en raison de la croyance de l’Eglise en la résurrection des corps. Ainsi, les papes interdirent les dissections et menacèrent d’excommunication ou de mort quiconque se permettait de « maltraiter les morts ». Pourtant, lorsque certains médecins, bravant l’interdit papal,  effectuaient des autopsies, notamment dans les écoles de médecine de Bologne, Padoue ou Montpellier, c’était la nuit, l’hiver et le plus vite possible. Officiellement, les praticiens disséquaient des porcs uniquement dans le but de faire progresser l’anatomie et de comprendre le fonctionnement du corps humain, ainsi que de valider ou d’invalider le savoir transmis par les savants de l’Antiquité, mais nullement d’enquêter sur les causes de la mort.

Braver les interdits: malgré tout, ainsi que l’atteste le Registre criminel du Châtelet de Paris dont voici un extrait tout à fait savoureux, médecins, chirurgiens et matrones ( sage-femmes spécialisées dans l’examen des femmes déclarant avoir été violées ou dépucelées contre leur consentement) interviennent régulièrement : « Le 14 juin 1338, on expose sous l’orme, au lieu accoutumé, pour montrer au peuple, et au mire juré de la cour, le cadavre de Huguelin, trouvé noyé au puits de Leberruier; maître de Largentière,médecin après visite, ne trouve aucune plaie mortelle, de nécessité, était mort pour cause du fait de choir dans le puits, où il était retrouvé, par quoi la cervelle lui était émue et froissée. » ( Les secrets des grands crimes de l’histoire, Philippe Charlier).

Les experts médiévaux: Néanmoins, le droit coutumier autorisera les médecins, barbiers et chirurgiens à participer, chacun dans son domaine de compétences, à des expertises afin de déterminer le caractère létal ou non de lésions traumatiques, expertises attestées, dès le 13 ème siècle, en Normandie, dans le Maine, dans le royaume franc de Jérusalem, ainsi qu’au Châtelet, siège de la Prévôté de Paris, où les chirurgiens jurés prêtent serment en prenant possession de leur charge.

En Chine: à la même époque, le Hsi Yuan Lu, précis chinois à l’usage des « inspecteurs de cadavres », donne un descriptif de l’examen corporel des victimes. Ainsi, une grande attention est apportée à l’inspection de la peau et des orifices tels que narines, bouche, yeux, etc…La classification des maladies, fondamentalement différente de la classification occidentale, se focalise principalement sur les empoisonnements et les ruptures d’équilibre entre les différentes forces au sein de l’environnement de l’individu.

3- Les temps modernes: avancées de la médecine légale:

code criminelPourtant, c’est incontestablement au cours du 16 ème siècle que s’érigent, partout en Europe, les fondements institutionnels et scientifiques de la médecine légale moderne. Dans le Saint-Empire romain germanique, le Code Criminel, rédigé entre 1530 et 1532 sous l’impulsion de Charles Quint, impose un témoignage médical en cas de procès criminel. L’article 147 de ce code stipule que « lorsque quelqu’un aura été frappé, et qu’il meurt là-dessus après quelque temps, en sorte qu’il devienne douteux, si les coups reçus ont causé la mort ou non; dans ces cas, on produira des témoignages convenables de part et d’autre, ainsi qu’il a été dit au sujet des preuves; l’on y doit employer spécialement ceux qui sont expérimentés dans la Chirurgie, et autres personnes qui ont connaissance de la manière dont le mort s’est conduit après la batterie, en indiquant l’intervalle du temps qu’il y a eu entre les blessures et sa mort: les Juges doivent dans ces sortes de jugements recourir au Conseil des Gens de Loi, comme il sera dit à la fin de cette ordonnance. » L’article 149 précise: « Et afin de parvenir à l’examen, et à la connaissance suffisante des différentes blessures dans les cas susdits, dont on pourrait manquer après que la personne tuée serait enterrée, le Juge accompagné de deux Assesseurs, du Greffier, d’un ou de plusieurs Chirurgiens, au cas que l’on puisse les avoir, et auxquels on imposera le serment à cet effet, doit prendre avec soin l’inspection du cadavre avant qu’il soit enterré, et faire dresser exactement un  procès-verbal de la visite des blessures, des coups et contusions qui s’y trouveront. » ( Les secrets des grands crimes de l’histoire, Philippe Charlier).

Les pionniers:

Paolo Zacchias (1584-1659), médecin italien, fut le premier à définir la médecine légale dans son ouvrage en neuf tomes intitulé Quaestiones medico-legales, ouvrage édité jusqu’à la fin du 18 ème siècle. Il y abordait des thèmes tels que les fautes professionnelles des médecins ou l’éthique médicale. Partisan d’une autorité accrue des médecins, il avait pour méthode, dans les affaires judiciaires, l’établissement d’une chronologie médicale. Médecin des papes Innocent X et Alexandre VII et conseiller juridique de la Rota Romana, deuxième tribunal ecclésiastique de l’Eglise catholique, ses opinions étaient loin d’être objectives.

thomas brown
Thomas Brown

 

En Angleterre, le médecin Thomas Brown, souvent considéré comme un précurseur de l’archéologie médico-légale, découvrit en 1658 la formation de l’adipocire, substance cireuse qui apparaît dans les cadavres en décomposition, analysée par nos légistes afin de déterminer la date de la mort.

La même année, à l’université de Bologne, Marcello Malpighi, professeur d’anatomie, décrivit avec minutie les crêtes et les spirales des empreintes digitales, mais sans percevoir leur caractère unique et donc leur possible application en vue de l’identification d’une personne.

Ambroise Paré (1509-1590): chirurgien-barbier des armées, Ambroise Paré est considéré avec raison comme le père de la chirurgie moderne, tant sa contribution dans le traitement des blessures par armes blanches et par armes à feu est considérable. Vers 1575, le chirurgien français initia, dans ses Livres de Chirurgie, les premières véritables notions de médecine légale en France. S’intéressant

ambroise paré
Ambroise Paré

particulièrement aux lésions traumatiques, il introduit les problèmes de responsabilité, de balistique et d’imputabilité des causes de décès. La nouveauté de ce traité est sa présentation claire et intelligible pour les non-initiés, ainsi que l’insistance de son auteur sur la notion de probité dont les médecins doivent faire preuve.

Pour attester de son art, voici comment il propose la description et l’écriture du rapport d’examen d’u enfant mort étouffé. A ce jour, il n’y a rien à redire à ce tableau clinique: « Il y a une grande apparence que le petit enfant mort aura été étouffé par sa nourrice, qui se sera endormie sur lui en l’allaitant, ou autrement par malice, si ledit enfant se portait bien, et ne se plaignait de rien auparavant; s’il a la bouche et le nez pleins d’écume; s’il a le reste de la face non pâle et blafarde, mais violette et comme de couleur pourpre; si ouvert, est trouvé avoir les poumons pleins comme d’air écumeux. »

Inventeur de nombreux instruments de chirurgie, c’est lui qui introduisit une nouvelle façon de cautériser les plaies en utilisant un mélange fait de jaune d’œuf, d’huile rosate et de térébenthine au lieu de l’huile bouillante ou du fer rouge utilisés précédemment; il préconisa également de ligaturer les artères lors des amputations, sauvant ainsi la vie de nombreux soldats.

Les microscopes: si importants en médecine légale, les microscopes apparurent à cette époque. Le premier fut conçu en 1590 par le lunetier néerlandais Hans Janssen. En 1628, Christoph Scheiner, professeur d’hébreu et de mathématiques allemand, améliora le

hans janssen
Hans Janssen

microscope composé, prototype des microscopes modernes. Mais c’est en 1670 que vit le jour une importante innovation mise au point par le savant amateur hollandais Anton van Leeuwenhoek. Né à Delft en 1632, commença sa carrière comme apprenti dans une boutique de tissus et d’articles de mercerie. Souffrant de devoir compter les fils à l’aide d’une loupe faiblement grossissante, il était bien décidé à mettre au point un instrument plus puissant de façon à mieux exécuter son travail. Ainsi, le jeune Anton apprit seul à polir les lentilles et créa une nouvelle façon d’accroître la courbure du verre. Il obtint ainsi le plus fort grossissement de son époque. Les tissus furent remisés et Anton van Leeuwenhoek fabriqua de magnifiques instruments en or et en argent munis d’une unique lentille de très courte focale. Les performances de ses instruments dépassèrent de loin celles des microscopes de son époque, ce qui lui permit de rentrer dans l’Histoire.

4- Le 19 ème siècle: l’avènement de la médecine légale:

Comme nous l’avons vu précédemment, la médecine légale était un domaine scientifique reconnu mais sans spécialités définies. Ainsi, depuis la loi du 14 frimaire an III ( décembre 1794), chaque faculté de médecine possédait une chaire de médecine légale, mais celle-ci ne se développera qu’au rythme des avancées scientifiques qui vont jalonner le cours du 19 ème siècle: invention de la microscopie de pointe, de la toxicologie et de la radiologie.

En Grande-Bretagne, la nouvelle organisation des enquêtes criminelles, liée à l’expansion du système policier et judiciaire, survenue à la fin des années 1800, permit l’essor de la médecine légale. Dès 1860, on commença à utiliser la photo sur les scènes de crime. De réels efforts furent accomplis partout en Europe dans la standardisation de la collecte des indices et des preuves.

A Paris, Haussmann fait construire une morgue où œuvrent des légistes autopsieurs, bâtiment situé sur la pointe en amont de l’île de la Cité, doté d’une architecture très

morgue de paris
Morgue

classique. Longtemps, il fut l’un des lieux les plus fréquentés de la capitale; en effet, on vient visiter en famille les cadavres des anonymes étendus sur les douze tables en marbre noir, disposées en pans inclinés.  Les corps, auxquels on a laissé leurs dessous par pudeur, et dont les effets personnels sont suspendus à un crochet juste à côté, sont exposés pendant trois jours, sans aucun moyen de conservation !!  Seule une vitre les morguesépare de la foule des visiteurs. Le but de cette macabre exposition était de permettre l’identification des corps sans nom.

5- L’avènement des laboratoires:

En 1910, Locard, professeur de médecine légale, aménage dans les combles du palais de justice de Lyon le premier laboratoire de police scientifique au monde. Les spécialistes qui y travaillaient utilisaient les meilleures méthodes scientifiques de l’époque, notamment la microscopie et la photographie.

En 1923, fut créé par August Vollmer, qui avait précédemment mis sur pied l’école de criminologie de l’université de Californie, à Berkeley, le premier laboratoire de police des Etats-Unis installé au Los Angeles Police Department.

Quant au premier laboratoire américain privé, il fut inauguré en 1929 à la Northwestern University d’Evanston, dans l’Illinois, dans des circonstances pour le moins surprenantes. Tout commença lorsque le Dr Calvin Goddard, co-inventeur du microscope de comparaison, se pencha sur ce qui fut appelé par la presse le « massacre de la Saint-Valentin », un des épisodes de la guerre des gangs qui ensanglantait les rues de Chicago. Le 14 février 1929, les hommes d’Al Capone, déguisés en policiers, prirent au piège et

al capone
Al Capone

tuèrent sept membres de la bande de George « Bugs » Moran. Les enquêteurs retrouvèrent sur la scène du crime pas moins de 200 douilles de balles de mitraillettes. Goddard les examina au microscope et découvrit qu’elles ne correspondaient pas aux projectiles utilisés par la police. Cette révélation incita cette dernière à faire une descente au domicile d’un membre du gang de Capone, où furent saisies des armes qui permirent à Goddard d’établir une corrélation avec les douilles recueillies. Deux hommes d’affaires, qui avaient fait partie du jury lors de l’enquête, et très impressionnés par le fabuleux travail fourni par Goddard, apportèrent les fonds nécessaires à la création du Laboratory Corporation, inauguré en 1929, et qui, dès l’année suivante, s’intitula Scientific Crime Detection Laboratory.

Quelques années plus tard, en 1932, le United States Bureau of Investigation créa à Washington son propre laboratoire de police scientifique qui, dès la première année, procéda à plus de 1000 examens médico-légaux. Fort de ces résultats, il fut installé, en 1933, dans des locaux plus vastes et fut appelé Division of Investigation. En 1935, il changea de nom une ultime fois pour s’appeler Federal Bureau of Investigation: lefbi fameux FBI. Dès 1942, le laboratoire disposa d’une grande autonomie au sein même du FBI. Ses agents furent ravis de découvrir que de l’autre côté de la rue, dans les locaux de la Smithsonian Institution sévissait une équipe de « détectives des os », anthropologues qui travaillaient sur la plus importante collection du monde de squelettes humains. Ces derniers collaborèrent bien volontiers avec les membres du nouveau laboratoire, notamment pour la différenciation entre ossements animaux et ossements humains, contribuant ainsi à l’essor de l’anthropologie judiciaire.

En Grande-Bretagne, le Forensic Science Laboratory fut créé au sein de la Metropolitan Police, en 1935, nom qu’il conserva jusqu’en 1996, date à laquelle il intégra le Forensic Science Service.

6- Les progrès récents:

Les constantes améliorations des tests d’ADN permettent des analyses à la fois plus rapides et plus précises. Parmi les innovations majeures de ces dernières années, figurent l’ADN mitochondrial (ADNmt) qui permet de remonter la lignée maternelle; les recherches d’ADN à l’échelle familiale pour retrouver des parents; la réaction en chaîne par polymérase qui amplifie les échantillons (voir article Dossier n°5 de ce blog); le « DNAboost » qui améliore les échantillons médiocres; l’invention d’instruments et d’appareils plus perfectionnés, comme le labopuce miniaturisé.

Ainsi, l’avenir des usages médico-légaux de l’ADN semble sans borne, bien que des pas de géants aient déjà été accomplis, comme le projet « Génome Humain » qui a permis, en 2003, d’identifier tous les gènes de l’ADN humain. « L’analyse génétique médico-légale n’est pas une technique unique mais un essaim de techniques fondé sur la vaste étendue du génome humain », a déclaré le Dr Lee, expert judiciaire.

Des avancées techniques impressionnantes ont également été réalisées dans d’autres secteurs telle que la reconstitution en 3D d’une scène de crime par ordinateur, permettant aux enquêteurs de s’y mouvoir comme s’ils s’y trouvaient réellement. Du côté des empreintes digitales, exit le pinceau à poudrer de nos grands-pères. Désormais, les experts ont à leur disposition plus de 250 produits chimiques.

Une nouvelle génération de lasers portables permet une collecte accélérée des indices. Ce système de troisième génération à pompage optique, contrairement au laser traditionnel, peut déceler des traces dans des conditions très difficiles ou sur des matières poreuses comme le papier ou la pierre.adn

 

 

 

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