Publié dans amour, angoisse, éditions Presses de la Cité, cadavre, mystère, Passion thriller, psychologie des personnages, roman psychologique

Passion thriller: Un Assassin parmi nous, Shari Lapena.

Un thriller en huis-clos glaçant à souhait par l’auteur du thriller « Le Couple d’à côté »…

L’auteur:

téléchargement (1)Shari Lapena, née en 1960, est une romancière canadienne, auteurs de thrillers dits « domestiques », genre dans lequel elle excelle. Avant de se consacrer à l’écriture, elle a travaillé comme avocate et professeur d’anglais.

En 2008, elle publie son premier roman intitulé Things go Flying, finaliste pour le Sunburst Award 2009, prix qui récompense chaque année, à l’automne, le meilleur roman de fiction canadien dans trois catégories: adulte, young adulte et nouvelle.

Son premier thriller, Le Couple d’à Côté, The Couple Next Door, publié en 2016, a rencontré un énorme succès en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Depuis, elle publie un thriller chaque année: L’Etranger dans la Maison,( A Stranger in the House), en 2017, Un Assassin parmi Nous, (An Unwanted Guest), en 2018, Une Voisine Encombrante, ( Someone We Know) en 2019. Les deux suivants, The End of Her, paru en 2020, et Not a Happy Family, paru en 2021, ne sont pas encore traduits en français.

Le roman:

Un Assassin parmi Nous, An Unwanted Guest paru en 2018 au Canada, a été publié en 2019 par les éditions France Loisirs, puis en 2021 par les éditions Presses de la Cité en version poche.  Le style est fluide, très agréable à lire.: « L’atmosphère de la pièce a imperceptiblement changé depuis l’arrivée de Dana et Matthew. Lauren a bien remarqué comment les hommes se comportent devant la jeune femme. Notamment Bradley, qui lui faisait des yeux de merlan frit en lui tendant son verre…Les autres déguisent mieux leurs sentiments mais il est indéniable que, devant sa beauté stupéfiante, chacun se tient plus droit…Et Ian n’est pas en reste. Elle le pousse du pied, quelque peu exaspérée, et il se concentre de nouveau sur elle. » (Page 43).

Construction: l’histoire se déroule sur un week-end, du vendredi 16h15 au dimanche 18h30. Chaque chapitre commence par l’indication du jour et de l’heure.

Fil rouge: la météo exécrable qui emprisonne les protagonistes dans l’hôtel privé d’électricité et de chauffage.

L’intrigue:

Gwen Delaney organise un week-end à la campagne dans le but de changer les idées de son amie Riley qui traverse une mauvaise passe, « une parenthèse enchantée en pleine nature, dans un petit hôtel luxueux réputé pour sa cuisine gastronomique et dépourvu d’accès Internet. » (Page 10). David Paley, quant à lui, espère bien recharger ses batteries.

Beverly compte sur ce week-end loin de la ville et de leurs enfants pour tenter de recoller les morceaux de son mariage qui bat sérieusement de l’aile. Lauren et Ian s’offrent une parenthèse en amoureux tandis que Matthew et sa fiancée Dana viennent se ressourcer avant le grand saut dans l’inconnu du mariage.

Samedi. 5h45. Dana est retrouvée morte au pied du grand escalier. Accident? Meurtre? Le problème est qu’à cause du verglas sur les chaussées et de la neige qui recouvre le paysage, les routes sont impraticables. Et comme l’hôtel ne possède pas de liaison internet et que le téléphone et l’électricité sont coupés, il est impossible de prévenir la police.

C’est donc David, avocat pénaliste, qui prend les choses en main. La première question qu’il se pose est de savoir pourquoi la jeune femme était sortie de sa chambre à une heure aussi matinale? Et comment expliquer la plaie à la tête qui, selon lui, n’aurait pu apparaître dans le cas d’une chute mortelle? L’aurait-on assommée avant de la pousser? Dès lors, tous les protagonistes doivent vivre sous le même toit avec cette terrible question planant au-dessus d’eux: Qui est l’assassin?

Les personnages:

  • Gwen Delaney: travaille dans une agence de relations publiques à New-York; amie de Riley.
  • Riley Shuter: journaliste, dépressive depuis son dernier séjour en Afghanistan.
  • David Paley: avocat pénaliste réputé, sûr de lui, beaucoup de charisme, veuf.
  • Ian Beeton: homme sympathique au charme décontracté et au sourire de séducteur.
  • Lauren Day: petite amie de Ian.
  • Beverly Sullivan: épouse d’Henri; femme en apparence insignifiante; veut reconquérir son mari.
  • Henri Sullivan: homme grincheux et peu sympathique.
  • Dana Hart: femme d’une sublime beauté; fiancée de Matthew; la victime.
  • Matthew Hutchinson: fiancé de Dana; homme chaleureux, généreux; l’héritier de l’une des plus grosses fortunes de la Nouvelle-Angleterre.
  • Candice White: romancière, célibataire; gagne sa vie en rédigeant des ouvrages documentaires.
  • James Harwood:  propriétaire et cuisinier de l’hôtel; père de Bradley.
  • Bradley: réceptionniste.

Les lieux:

Catskill: région de reliefs constitué de plateaux et de collines, située au nord de la ville de New-York, dans laquelle se déroule l’histoire: « La route se fait plus sinueuse au fur et à mesure que l’on avance en altitude dans les Catskill, comme si l’éloignement progressif de la civilisation rendait le trajet plus hasardeux. Les ombres s’épaississent, le temps se gâte. L’Hudson est visible par intermittence, au détour d’un virage. La forêt, tout droit sortie d’un conte de fées, vous épie en silence, prête à vous engloutir à tout instant. Toutefois, le paysage prend une allure de carte postale sous la neige qui tombe en abondance. » (Page 9).

Le Mitchell’s Inn: établissement comprenant douze chambres, dont seulement six sont occupées. Le décor vieillot évoque celui de l’hôtel Bertram, dans le roman éponyme d’Agatha Christie: contre le mur de la réception, un casier en bois contenant les clefs des chambres. « Un escalier monumental en bois sculpté sombre et poli; une immense cheminée en pierre autour de laquelle sont disposés plusieurs canapés et fauteuils en velours bleu ou en cuir marron foncé. » (Page 20). => Au début du roman, l’auteur élabore une atmosphère chaleureuse et accueillante, comme pour créer un contraste saisissant avec les événements tragiques qui vont s’y dérouler: « Bradley a apporté plusieurs lampes à huile et des allumettes pour que chacun se serve, mais la plupart préfèrent utiliser la torche de leur iPhone pour monter l’escalier sombre et trouver leur chemin dans les couloirs plongés dans le noir. L’obscurité qui règne dans les étages est troublante par rapport au rez-de-chaussée, qui bénéficie de la lumière du jour dispensée par les larges fenêtres. » (Page 107).

En conclusion:

Le +: l’histoire racontée alternativement du point de vue de chaque personnage, chacun exprimant ses pensées et ressentis in petto, ou sous forme de dialogues avec les autres.

Chaque protagoniste possède un mobile et pourrait être le meurtrier. Shari Lapena a une façon subtile de semer le doute et d’entretenir le suspense: « Toutefois, ce n’est pas la jalousie qui attise sa méfiance vis-à-vis de l’avocat. Non. c’est quelque chose qui le concerne, lui. Il n’est pas net. Un souvenir diffus flotte dans son cerveau, mais elle ne parvient pas à mettre le doigt dessus. Son nom lui dit pourtant quelque chose, un nom avec un relent de scandale » (Page 60).

Construit comme un whodunit à l’anglaise, la mise en scène est très soignée, presque théâtrale,  comme ici, après la découverte du premier meurtre, l’auteur décrivant la scène vue par David du haut de l’escalier, créant un point de vue particulier: « Le cri de Lauren a fait bondir David hors de son lit. Il jette une robe de chambre sur ses épaules, attrape sa clef et sort dans le couloir. Arrivé sur le palier, il s’arrête un instant pour observer d’en haut le petit attroupement de personnes en pyjama. Lauren se trouve à côté du corps, manifestement sans vie, de Dana, qui gît en bas des marches. Riley et Gwen lui tournent le dos. James est très pâle et Bradley donne l’impression d’avoir soudainement rajeuni depuis la veille. David entend du bruit au-dessus de lui. Henry et Beverly le rejoignent en ajustant les pans de leurs robes de chambre…David lève les yeux vers les personnes rassemblées. Beverly a détourné le regard, mais Henry considère le corps étendu avec gravité. Gwen a le visage brouillé de larmes et la lèvre inférieure tremblante. » (Pages 78-79).

Un thriller captivant, admirablement construit, qui saura tenir en haleine les lecteurs du genre les plus exigeants.

Citations:

« Les fenêtres de la salle à manger donnent vers l’est, sur la forêt. Le panorama est couvert de gel étincelant, comme enrobé de diamants. C’est magnifique. Des stalactites allongées en pointe pendent des corniches, l’air menaçantes. Candice se dit qu’il suffirait que l’une d’elles vous tombe dessus pour vous tuer. Il serait dangereux de s’aventurer dehors. L’endroit le plus sûr durant une tempête de glace est au coin du feu, bien protégé des branches qui peuvent s’abattre sur vous, des stalactites susceptibles de vous embrocher et des câbles électriques prêts à vous électrocuter. Sans oublier le risque de glisser et de se fracasser le crâne sur le verglas. » (Pages 96-97).

« L’avocat est bien conscient de l’effet désastreux produit sur l’assistance par les accusations perfides de Riley. Tous les regards sont fixés sur lui. Il est en colère de devoir, une fois de plus, se justifier. En ce moment précis, il ressent même de la haine envers Riley, non seulement parce qu’elle a révélé qui il était…mais parce qu’elle l’a fait pour des motifs répugnants, dans le seul but d’empêcher Gwen de se rapprocher de lui. » (Pages 215-216).

« David se relève avec difficulté et brandit la torche dans l’obscurité qui les entoure. Il distingue une forme noire dans la neige, un objet familier, taché de sang, qu’il reconnaît sans peine: le gratte-bottes en fer du porche. Quelqu’un s’en est servi pour assassiner Bradley, mais qui? Et à quel moment? Un étranger? Ou l’un des hôtes sortis de l’hôtel pour secourir Riley?

Un commentaire sur « Passion thriller: Un Assassin parmi nous, Shari Lapena. »

Laisser un commentaire