Publié dans angoisse, éditions City, ésotérisme, malédiction, Passion thriller français, thriller ésotérique

Passion thriller français: Le tombeau du Diable, Eric Bony.

Une amulette vieille de plusieurs siècles, une secte sataniste, un savant fou et un médecin aussi fou, trafic de corps…Tous les ingrédients sont réunis pour composer un thriller au suspense palpitant.

L’auteur:

Laissons Eric Bony se présenter lui-même: »École de communication puis de journalisme. éric bony (1)Reporter pendant une dizaine d’années, dans une maison de production (Science Frontières), j’ai travaillé pour la revue Mystère et l’émission de TF1 L’odyssée de l’étrange dans les années 90. Aujourd’hui, je suis responsable de publications dans une collectivité locale mais reste passionné par le paranormal et les énigmes historiques. Je me sers des dossiers sur lesquels j’avais enquêté à l’époque comme toile de fond pour mes romans mettant en scène le journaliste Thomas Cazan (Le tombeau du diable et La musique des ténèbres -City Éditions). Je lis beaucoup de thrillers et de romans historiques. » Merci à Eric Bony pour ces précisions…

Le roman:

Le tombeau du diable, thriller ésotérique, a été publié par les éditions City en 2015. Le style est soigné, agréable à lire. On se laisse facilement porter par l’écriture fluide et vivant: les informations sur les personnages sont délivrées au fur et à mesure de dialogues interactifs.téléchargement

Le suspense est savamment entretenu par des fins de chapitres générant plus de questions que de réponses: « Soudain, il se sentit observé. Il n’était plus seul dans la pièce. Et il savait qui c’était. »(fin du chapitre 11), et par une construction binaire: des chapitres courts alternant l’histoire de Ekaterina et celle de Thomas donnent un rythme soutenu au récit, procédé amplifié par les scènes d’action bien construites: « Freinés dans leur course, les vigiles ne purent que se baisser et répliquèrent de loin sans avoir eu le temps de voir d’où venaient les coups de feu. Ils n’aperçurent furtivement, avant de se baisser et d’ouvrir le feu, que deux silhouettes fugitives : celles de Thomas et Furat qui venaient juste de sortir du coffre. »… »Soudainement, Furat se mit à faire de grands signes dans leur direction en criant au secours. Comme il était assez loin, les vigiles pensèrent qu’il était armé et ils tirèrent, le touchant à l’épaule. La violence du choc le projeta contre le mur, où il s’affaissa, sa tête cognant le sol avec un son mat. »candle-magic-1034839__340

Les thèmes développés par l’auteur sont les réseaux de prostitution des pays de l’est, le charlatanisme en matière de surnaturel et les sectes.

L’intrigue:

Ekaterina, probablement enlevée par Nicolaï, se réveille enfermée dans une pièce inconnue, plongée dans le noir. Bizutage? Réseau de prostitution? Elle se retrouve finalement dans l’antre d’une espèce de docteur Hyde qui compose des œuvres avec les corps de personnes affectées de difformités. Il est secondé par un médecin radié de l’ordre des médecins et recherché par la police britannique. Tous les deux travaillent à un projet qui consiste à accélérer l’évolution de l’homme en vue de créer un être supérieur, le projet Balbek.

Face à la concurrence d’internet, la revue « Enigm » est à la recherche d’un second souffle, raison pour laquelle son rédacteur en chef envoie Thomas participer à un stage de développement personnel organisé par l’Eglise des Anges: « Sur le papier, le principe était simple : les journalistes infiltraient les séances de spiritisme, les cabinets de radiesthésie ou de voyance pour être au plus près des lecteurs, pour vivre de l’intérieur leur trip et le leur faire partager. »

Quelques jours plus tard, dans le cadre de l’enquête confiée par Paul sur l’amulette de Mandrin, objet précieux qui aurait mené ses propriétaires à une mort violente, Thomas assiste à l’ouverture d’une exposition qui tourne rapidement au drame. Soupçonné de meurtre et en cavale, seule Marie peut lui venir en aide…Mais qui est-elle vraiment? Une amie ou une manipulatrice au service de la secte?devil-33929__340.png

Projet Balbek: Pour lui, il n’y avait pas de doute : Satan voulait revenir sur Terre. Le démon cherchait à s’incarner, et tous les êtres difformes et mal formés étaient ses brouillons. Lui, Balbek, l’avait compris. Cette collection d’êtres monstrueux était sa marotte et surtout la preuve que son combat avait un sens. Il était convaincu qu’il était l’émissaire du Mal, qu’il devait préparer l’humanité à l’arrivée du maître et l’aider à asseoir sa domination sur le monde. Et créer une nouvelle religion dont il serait le maître absolu.

=> Bien que l’auteur, de son propre aveu, cède aux clichés de la secte sataniste:  » Une combinaison de cuir, des gants, une longue cape noire et un masque métallique surmonté de cornes de bouc. C’était un peu cliché, mais toujours efficace pour impressionner ses ouailles et leur inspirer le respect et surtout la peur. », l’intrigue est très bien ficelée et passionnante.

Les personnages:

  • Ekaterina: étudiante russe à la faculté de Moscou, issue d’une famille pauvre; souffre d’une malformation cardiaque; âgée de 22 ans.
  • Nicolaï: fils d’une famille de nouveaux riches; étudiant, beau garçon, autorité naturelle.
  • Conception Ibanes: colombienne d’une trentaine d’années, née dans un quartier pauvre de Bogota au milieu des guerres de gangs, fondatrice de la secte sur laquelle Thomas enquête; se fait appeler Marie Lamour.
  • Thomas Cazan: journaliste à la revue « Enigm »; allure d’éternel étudiant avec ses cheveux blonds coupés en brosse, ses yeux bleu délavé et son visage juvénile.
  • Paul Louvier: ancien professeur de sociologie, rédacteur en chef de la revue « Enigm », passionné d’ufologie, ancien rédacteur en chef des « Cahiers de sociologie ».
  • Jean-Pierre Furat: professeur d’histoire de l’art, directeur de l’expo; grand, allure svelte, des cheveux courts d’un noir corbeau, petites lunettes, l’air mauvais.
  • Grégoire de Saint-Yves: archiviste de la revue « Enigm » et ami de Thomas; âgé d’une soixantaine d’années, Grégoire avait survécu à tous les changements au sein de la rédaction, agrégé de littérature et passionné d’histoire.
  • Balbek: « gourou » de la secte,porte à sa sa main droite une énorme chevalière en or avec une tête de bouc sculptée dessus; ses yeux perçants et froids.
  • Capitaine Bennoun: inspecteur de police chargé de l’enquête; trapu, carrure d’athlète, yeux bleus, teint cuivré, crâne rasé; âgé d’environ 35 ans.
  • Chardon: lieutenant adjoint de Bennoun.
  • Pierre Coubert: lieutenant de police, petit génie de l’informatique à peine sorti de l’école.
  • Picart: lieutenant travaillant avec Bennoun, flic aigri, la cinquantaine, toujours en costume.

Les lieux:people-3227012__340

Les descriptions des lieux participent à l’avancée de l’intrigue, sans se perdre dans des détails inutiles. Ainsi, le bureau de Thomas: « Il était le seul à jouir de trois bibliothèques hautes qu’il avait mises dans un U presque fermé par son bureau. Les bibliothèques étaient bourrées de livres et de dossiers, et sur la table s’empilaient en désordre feuilles volantes et ouvrages cornés. C’était son havre de paix, son espace de travail, un îlot rebelle qui détonnait dans cet océan terne de bureaux sans âme. »…La rédaction du journal pour lequel Thomas travaille: « La rédaction n’avait plus rien à voir avec le petit atelier des débuts, près de Bastille. Elle occupait aujourd’hui un open-space de cent mètres carrés. L’absence de murs était censée favoriser la communication entre les employés, mais aussi le flicage, car si l’on prenait quelques minutes pour faire un solitaire, un voisin pouvait le voir. Quelques plantes vertes et étagères basses, délimitations illusoires, permettaient à chacun de reconstituer son espace vital. »

A l’opposé, l’antre de Balbek: « Il avait acheté cet appartement en rez-de-chaussée entunnel-1533989__340 plein Paris il y a de nombreuses années. En voulant aménager une cave, il avait découvert que le sous-sol correspondait avec un réseau de catacombes. Il avait gardé la caverne, aménagé des cellules et un laboratoire dernier cri et éboulé toutes les autres entrées. Il avait ainsi son sanctuaire personnel au cœur de la capitale. Du sur-mesure. »…Et la pièce où Ekaterina est enfermée: « une petite cavité de deux mètres sur un mètre cinquante et d’un mètre de hauteur. Elle ne pouvait pas se mettre debout. Son dos la faisait souffrir. Elle avait lu que certaines cellules basses de plafond avaient été conçues pour accentuer l’inconfort des prisonniers. Un moyen de torture. Cela en disait long sur les intentions de ses geôliers…. »

En conclusion:

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Hell

Un thriller au rythme échevelé, de nombreuses scènes d’action, des descriptions succinctes mais précises: « Se frayant un passage entre les herbes, Marie et Thomas se dirigèrent vers la tour située au fond de la cour à gauche. Sa base était dissimulée par un muret. La couleur d’origine de la tour se confondait avec le gris du ciel. Elle était elle aussi éventrée. Les plantes avaient pris possession des pierres, se faufilant dans les interstices. Des arbres dépassaient de derrière les murs, donnant l’impression que les vestiges du château appartenaient à la forêt. », de l’humour: « Déjà, le dépliant publicitaire était trop racoleur à son goût : Problèmes de santé, d’argent, d’amour, de travail ? Votre ange gardien est là pour les résoudre ; il vous attend ! Et pourquoi pas : Abonnez-vous au forfait Premium Anges : deux heures d’appels gratuits et SMS illimités. En cadeau de lancement, recevez une paire d’ailes et une lyre ? »…Lecture chaleureusement recommandée.

Citations:

« Pourtant, monsieur Cazan, le Mal existe. Il est en chacun de nous ; il est le cœur de l’humanité. Qu’est-ce qui nous pousse sans cesse à vouloir dominer l’autre ? À vouloir nous approprier ses biens ? Beaucoup arrivent à contrôler ses pulsions destructrices, mais il n’empêche qu’elles existent. Nous, nous les libérons. Nous libérons l’homme du carcan de la morale et des règles dictées par les religions. Le Mal est vivant, et le diable en est l’incarnation. »

« Un jour qu’il interrogeait sérieusement son professeur de sciences physiques sur des résultats d’expériences avec un sujet « doué », qui était arrivé à tordre par la pensée une petite barre de fer dans un laboratoire privé, l’homme lui avait répondu que de nombreux magiciens étaient capables de réaliser la même prouesse. Par conséquent, les scientifiques du laboratoire avaient dû se faire abuser ou, au pire, ils avaient falsifié leurs résultats.Thomas s’était emporté, trouvant l’argument stupide. Ce jour-là, il s’était fait virer du cours ! Il s’était aperçu que beaucoup de scientifiques dits rationalistes portaient des œillères et se montraient aussi intolérants et extrémistes dans leurs idées que les allumés ou charlatans qu’ils dénonçaient. »

« Dieu avait abandonné les hommes il y a bien longtemps. Satan était le seul dieu vers lequel cela valait le coup de se tourner. Il donnait la puissance, permettait aux hommes de se laisser aller à leurs instincts les plus noirs. »heart-876746__340

« Bennoun poursuivit son chemin, laissant Carl perplexe. Il avait malheureusement l’habitude de ce type de réaction et avait appris à rester zen devant la bêtise. Pour beaucoup, arabe était synonyme au mieux de délinquant, au pire de terroriste. Les mentalités évoluaient lentement, il fallait faire avec. Bennoun venait d’une cité de Sarcelle. Son père, Marocain, était tombé amoureux d’une touriste de vingt ans, blonde aux yeux bleus fascinée par les cultures du Maghreb.En rentrant en France avec le jeune Marocain, elle avait cru sa famille assez ouverte pour accepter leur relation. Perdu ! »

« Bien qu’il eût été élevé avec les nouvelles technologies et assisté à l’explosion de la bulle Internet et du téléphone portable, il ne comprenait pas cette nouvelle tendance à vouloir étaler sa vie au grand jour pour des amis virtuels qui n’en avaient pas grand-chose à faire. Quelle perte de temps ! Aujourd’hui, au lieu de vivre un événement pleinement, beaucoup avaient besoin de partager sur le moment ce qu’ils faisaient, vivaient et ressentaient. Que ce soit pour un concert, un chagrin d’amour… ou un incendie. »

 

 

 

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