Publié dans autopsies, éditions du Masque, cadavre, crime, enquête criminelle, médecine légale, morgue, Passion polar, peur

Passion polar: Mémoires Mortes, Patricia Cornwell.

Après « Postmortem », voici la seconde enquête de Kay Scarpetta, médecin légiste en chef à Richmond: aussi  passionnante et addictive que la première…

L’auteur:

Patricia Cornwell, de son vrai nom Patricia Carroll Daniels, est une romancière américaine de romans policiers, notamment la série mettant en scène le personnage de Kay Scarpetta, inspirée de la directrice de la morgue de l’Institut Médico-légal de Richmond, en Virginie, pour lequel elle a travaillé en tant qu’informaticienne.

Elle obtient son diplôme au Davidson College, en Caroline du Nord. En 1980, elle épouse son professeur d’anglais, Charles Cornwell, dont elle divorce huit ans plus tard. Elle poursuit sa carrière de journaliste au sein du journal The Charlotte Observer, se spécialisant dans les faits divers criminels et les armes à feu. A ce jour, ses livres, tous titres confondus, se sont vendus à plus de cent millions d’exemplaires.

Le roman:

Mémoires Mortes, Body of Evidence dans la version originale parue en 1991, a été publié par la Librairie des Champs-Elysées en 1993 dans la collection Le Masque. L’histoire est racontée par Kay Scarpetta au passé. Le style de Patricia Cornwell est fluide, agréable à lire, se concentrant sur les faits qui constituent les éléments de l’enquête que le lecteur suit pas à pas grâce aux conversations entre Kay et Marino.

Thème: violences conjugales.

Fil rouge: les frasques de Kay Scarpetta, sa vie privée décousue.

L’intrigue:

Alors qu’elle revenait d’une longue retraite passée à écrire son autobiographie, la romancière Beryl Madison est retrouvée morte dans sa maison de Richmond, égorgée et poignardée. 27 coups de couteau. Un meurtre particulièrement violent et sanglant. Pas d’effraction. Le système d’alarme sophistiqué hurlait à l’arrivée de la police.

Cette retraite avait été en partie causée par le harcèlement téléphonique d’un inconnu et la dégradation de sa voiture. Beryl, se sentant menacée, voulait prendre du recul. Comment le meurtrier savait-il qu’elle venait de rentrer chez elle? Si elle se savait menacée, pourquoi l’a-t-elle laissé pénétrer chez elle? Le connaissait-elle?

Détail insolite: le manuscrit retrouvé sur la scène de crime n’est pas celui de son autobiographie. Où se trouve le manuscrit original? En existe-t-il une copie? Car Marino et Kay sont convaincus qu’il contient des révélations compromettantes à propos d’un autre écrivain célèbre dont elle a été la protégée. Lorsque Cary Harper est assassiné à son tour, l’affaire prend une tout autre tournure.

Quels secrets dissimule le manoir? Pourquoi personne au village ne semble savoir que Beryl y a vécu pendant plusieurs années? Etait-elle prisonnière? Autant de questions restées sans réponse qui intriguent Kay et Marino, et auxquelles ils vont devoir répondre pour résoudre l’affaire et retrouver le meurtrier.

Les lieux:

Des descriptions soignées, faisant la part belle aux couleurs, aux odeurs, à des détails en apparence insignifiants mais qui jouent leur rôle dans l’imaginaire du lecteur, restituant les décors avec une précision cinématographique.

Quantico: « L’académie nationale du FBI à Quantico, Virginie, est une oasis de brique et de verre plantée en plein cœur d’un champ de bataille virtuel (…)Un labyrinthe de boyaux vitrés sert de trait d’union entre les différents bâtiments hébergeant les bureaux, les salles de cours et les laboratoires. On peut se déplacer dans cet immense complexe sans jamais avoir à mettre un pied dehors. »

Key West: est une ville insulaire qui fait partie de l’archipel des Keys en Floride. « Des bleus éclatants, des verts toniques et des couchers de soleil si clinquants et tapageurs que seul Dieu pouvait les oser. L’asphalte du parking arrière du bâtiment qui abritait les bureaux du médecin expert en chef, l’OCME, était tiède et rassurant sous mes pas. Des voies ferrées voisines me parvenait l’odeur de la créosote surchauffée des traverses. » .

La ville: « L’immeuble de dix étages de bureaux modernes ressemblait à un phare surplombant un déprimant rivage de magasins de bric-à-brac déguisés en boutiques d’antiquaires et de petits restaurants qui n’avaient d’ethnique que le nom. Des sans-abris déambulaient le long des trottoirs défoncés. » (Page 54)

En conclusion:

Ce second opus de la série consacrée au docteur Kay Scarpetta propose une intrigue bien ficelée, l’auteur s’appuyant sur son expérience professionnelle en tant qu’informaticienne à l’Institut Médico-légal de Richmond pour décrire les procédures et le fonctionnement de la police scientifique, ce qui fait toute la différence. Aucune approximation. Le réalisme de l’histoire n’en est que plus incontestable.

Le +: les interactions entre l’enquête proprement dite, le travail de médecin légiste de Kate à la morgue de Richmond et sa vie privée, ses pensées, ses sentiments, notamment par rapport au retour de Mark, son ex qu’elle n’a pas revu depuis dix ans.

Patricia Cornwell maîtrise parfaitement l’art du suspense, comme elle le démontre dans la scène où elle prend tout son temps (deux pages) pour révéler ce que le tueur a laissé en « cadeau » à Kay sur sa véranda, laissant le lecteur imaginer les pires choses. Elle joue avec nos nerfs, jouant sur la corde sensible pour nous impliquer dans l’histoire qu’elle raconte, notamment avec la reconstitution de l’attaque subie par Beryl particulièrement poignante: on voit la jeune femme poursuivie par le tueur dans toute sa maison, l’auteur ne nous épargnant aucun détails des blessures infligées et du parcours sanglant. Un second tome qui confirme le talent de la romancière américaine pour bâtir des intrigues haletantes et passionnantes.

Citations:

« Sans doute avais-je fini par m’assoupir. Lorsque j’ouvris brusquement les paupières, mon cœur battait à se rompre et j’étais tétanisée au fond du lit. Impossible de me rappeler mon cauchemar. Tout d’abord, j’éprouvai un mal fou à me souvenir de l’endroit où je me trouvais. Le bruit qui venait de me réveiller était-il bien réel? « (Page 182).

« Le couloir était parqueté. Un chemin de craie avait été tracé, encerclant les gouttes de sang qui ponctuaient le sol sur trois mètres jusqu’à un escalier situé à notre gauche. Beryl s’était précipitée dans cette direction, grimpant les marches. Le choc, la terreur étaient encore plus vivaces que sa souffrance. Les lambris portaient la trace sanglante de ses doigts tailladés. Marche après marche, elle s’était appuyée au mur pour s’aider dans son ascension et conserver son équilibre. » (Page 26).

« Sa rage semble dirigée contre Beryl en tant que personne. C’est criant dans les mutilations du visage. Il s’agit d’un processus de reconnaissance de l’individu, continua-t-il en tapotant la photo de l’index. Dans les cas de meurtres de sadiques, le visage de la victime demeure indemne. Elle est dépersonnalisée, il ne s’agit que d’un symbole…La lacération du visage, l’acharnement qui transparaît partout, tout cela coïncide avec un assassin qu’elle connaissait, peut-être même très bien. Quelqu’un pour qui Beryl tournait à l’obsession profonde, intense. » (Page 65)

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