Publié dans amour, ésotérisme, cadavre, crime, endoctrinement, magie noire, Passion polar historique, secrets de famille

Passion polar historique: Un Oeil Bleu Pâle, Louis Bayard.

Où l’on retrouve Edgar Allan Poe, jeune élève de West Point, académie militaire, assistant d’un commissaire à la retraite. Intéressant combo…

L’auteur:

Louis Bayard, né le 30 novembre 1963 à Albuquerque, Nouveau-Mexique, est un romancier américain, auteur de romans historiques et de romans policiers historiques. Il a grandi à Springfield en Virginie. Diplômé de l’université de Princeton et titulaire d’une maitrise en journalisme de l’Université Northwestern, il enseigne la création littéraire à l’université George Washington.

Il a travaillé dans la communication et pour la presse avant de se lancer dans l’écriture. Il a été journaliste au Washington Post et au New York Times.

Le roman:

Un Œil Bleu Pâle, The Pale Blue Eye dans la version originale parue en 2006, a été publié par les éditions du Cherche Midi en 2007 dans la collection NéO, puis en version poche en 2010. L’écriture fluide propose un agréable mélange de nombreux dialogues et de style indirect.

Construction: l’histoire est racontée par Gus Landor qui, sur son lit de mort, rédige son testament, quelques mois après les faits, en avril 1831. Certains chapitres retranscrivent les messages adressés à Gus par Edagr Poe. =>Originalité qui donne au roman une apparence d’authenticité.

Fil rouge: extraits de poèmes d’Edgar Poe.

L’intrigue:

Sur son lit de mort, Gus Landor raconte les événements qui son survenus quelques mois plus tôt, en octobre 1830 à l’Académie militaire de West Point. Le 25 octobre, le jeune Leroy Fry, élève en 3e année, s’est pendu. Le problème est que le corps, dans un premier temps subtilisé, a été ramené. Sans le cœur. Dans quel but?

Le lendemain, le colonel Thayer, qui dirige l’Académie, confie à Gus Landor, policier à la retraite, la délicate mission de retrouver au plus vite l’auteur d’un crime aussi abominable. D’après les premières constatations du médecin, l’assassin a sans doute des connaissances en anatomie, sans pour autant être médecin ou chirurgien. Les nombreux détracteurs que compte la jeune Académie contraignent Landor à enquêter en toute discrétion. Le colonel lui explique que si un tel scandale était mis au jour, il devrait démissionner et West point fermer ses portes: « On nous taxe souvent d’élitisme, pour commencer. Comme quoi nous aurions un faible pour les enfants de familles aisées…Si l’on devait apprendre que vos élèves supportent mal cette… cette discipline austère que vous leur infligez… Et même que certains en viennent au suicide… » (Pages 37-38).

Landor obtient l’autorisation d’engager le Edgar Poe pour espionner ses condisciples: qui se méfierait d’un première année aussi peu populaire que le jeune poète? Il devient donc ses yeux et ses oreilles, mission qu’il accomplit, il faut bien le reconnaître, avec beaucoup de zèle. Après le second meurtre, les indices collectés par le duo montrent du doigt la famille du docteur Marquis. Si Landor veut résoudre cette sombre et macabre affaire avant qu’un autre meurtre ne se produise, il devra répondre aux nombreuses questions soulevées.

Les personnages:

  • Augustus Landor: vétéran de la police de New-York à la retraite, très compétent, sait déchiffrer les codes secrets, contenir les émeutes; poumons malades; fils de pasteur originaire de Pittsburg; narrateur.
  • Capitaine Ethan Allen Hitchcock: commandant de l’Académie, bras droit du colonel Thayer; célibataire.
  • Colonel Sylvanus Thayer: directeur de West Point, célibataire; inébranlable dans ses décisions, peu loquace.
  • Epaphras Hunton: élève de 3e année qui a découvert le premier corps.
  • Edgar Poe: élève de 1ère année, instable, rebelle, indiscipliné, très intelligent, sens aigu de l’observation; assistant de Landor.
  • Harry Kirke Reid: détective privé, ami de Landor.
  • Docteur Pawpaw: phrénologue, spécialiste des symboles et des rituels; personnage excentrique, déroutant.
  • Docteur Daniel Marquis: médecin de l’Académie.
  • Artémus Marquis: fils du médecin, élève de 4e année; charmeur, très proche de sa sœur; chef d’un groupe d’élèves qui lui sont dévoués.
  • Léa Marquis: sœur d’Artémus; 23 ans, célibataire, jeune femme énigmatique au caractère fort.
  • Alice Marquis: mère de Léa et Artémus; femme hystérique et autoritaire, totalement imprévisible.

En conclusion:

Le +: l’intégration d’Edgar Allan Poe en tant que personnage de ce roman au romantisme ténébreux, bien dans le goût de certains écrits du poète. L’utilisation des codes de l’époque 1830 ajoute un côté authentique. Le développement de son personnage fictif donne un aperçu de l’écrivain de talent qu’il deviendra. Un roman imaginatif et intelligemment construit.

J’ai eu envie de lire Un Oeil Bleu Pâle grâce au résumé qui semblait bien alléchant, un peu à la manière de Caleb Carr dans L’Aléniste que j’ai adoré. Malheureusement, l’intrigue peine à démarrer et à trouver son rythme. Trop de longueurs et de digressions alourdissent le récit, au risque d’ennuyer le lecteur. Les indéniables qualités du roman m’ont encouragée à persévérer. Globalement, Louis Bayard offre une expérience de lecture plutôt intéressante, qui ravira les adeptes des thrillers ésotériques.

Citations:

« Monsieur Poe, quand j’étais commissaire à New York, il n’y a pas si longtemps, j’avoue que j’utilisais toutes sortes d’informations. Pas celles qu’on lit dans les journaux, non, celles que les gens vous apportent. Des gens pas nécessairement fréquentables. Pas de ceux qu’on inviterait à dîner ou au théâtre. Pas de ceux avec qui on se montre en public. Non : c’était pour la plupart des criminels endurcis – des voleurs, des receleurs, des fripouilles. Des gens qui, pour trois cents, vendraient à la criée leurs parents, leurs enfants – qui s’inventeraient même des mères qu’ils n’ont pas. Seulement, je ne connais pas un seul policier qui travaille sans ces gens. » (Page 96)

« Ce qui eut pour effet de les plonger tous deux dans le plus inextinguible des rires. De fait, leur hilarité était d’une nature si dévorante et communicative que, loin de m’en croire l’objet, je m’esclaffai, quoique plus modérément, avec eux. Les ruses de Thalie ne m’ayant point dépossédé de mes esprits, je sus cependant discerner que Lea s’interrompit bien avant son frère, à qui elle décocha un regard aussi vif que pénétrant – lui-même, toujours possédé par la Comédie, ne s’en rendit pas compte. » (Page 202)

« Ce qui eut pour effet de les plonger tous deux dans le plus inextinguible des rires. De fait, leur hilarité était d’une nature si dévorante et communicative que, loin de m’en croire l’objet, je m’esclaffai, quoique plus modérément, avec eux. Les ruses de Thalie ne m’ayant point dépossédé de mes esprits, je sus cependant discerner que Lea s’interrompit bien avant son frère, à qui elle décocha un regard aussi vif que pénétrant – lui-même, toujours possédé par la Comédie, ne s’en rendit pas compte. » (Page 281)

« Et je la sentais m’échapper, millimètre par millimètre. Pas une fois je n’appelai au secours ; c’est elle que je voulais appeler, car elle était la seule à pouvoir nous aider. Nous avions basculé trop loin pour que quiconque, en haut, nous aperçoive. Quant aux pirogues et aux skiffs qui effleuraient la surface du fleuve, ils passaient sans rien voir, la main sur l’aviron, l’œil sur leurs livraisons. À cet instant, je me sentais aussi vulnérable que je l’avais été dans la penderie d’Artemus. C’était à nouveau un duel, sans autre soutien que ceux de ma volonté et de mon cerveau, mais face à un adversaire beaucoup plus puissant. La vie, nos vies ne tenaient qu’à un fil. » (Page 404)

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