Publié dans aventures, éditions De Borée, énigme historique, espionnage, Passion roman historique

Passion roman historique: Le Miroir aux Mirages, Philippe Lemaire.

Une passionnante aventure dans les ruelles sombres de la Venise du XVIIe siècle en compagnie du sémillant François de Soulac à la recherche du secret des maîtres verriers vénitiens…

L’auteur:

Grand reporter à France 3, auteur de chansons, réalisateur de films documentaires, Philippe Lemaire s’est fait remarquer en tant qu’auteur dès son premier roman, Les Vendanges de Lison. Il se consacre désormais pleinement à l’écriture de romans.

Le roman:

Le Miroir aux Mirages a été publié par les éditions De Borée en 2022. Le style de Philippe Lemaire se caractérise par le soin et l’application, par la richesse de son écriture: « Ils se retrouvèrent bientôt tous les trois autour du feu. Les flammes courtes et dansantes projetaient sur leurs visages des lueurs mouvantes qui les rendaient étrangement pensifs. Chacun tenait son gobelet en verre soufflé marqué de minuscules bulles qui semblaient jouer avec la lumière des flammes. « (Page 19).

L’intrigue:

Octobre 1664. Louis XIV, toujours aussi avide de montrer au monde le rayonnement et la puissance de son royaume, veut ravir aux Vénitiens les secrets de fabrication des grands miroirs qui font la gloire et la réputation de la Sérénissime. Et quand le roi veut, tout le monde s’agite pour satisfaire ses désirs le plus rapidement possible. Après l’échec de son ambassadeur, Louis s’impatiente. Et quand Louis s’impatiente, la cour tremble. La seule solution serait de faire venir dans le royaume des maîtres verriers vénitiens. Sauf que la peine encourue pour un ouvrier déserteur est cinq ans de galère, et des représailles contre sa famille.

Colbert a alors une idée qui pourrait les sortir de cette impasse: il charge le jeune François Guilbert de Soulac de se rendre à Venise, de dérober les secrets de fabrication et les rapporter en France. Mission délicate et périlleuse. Mais le jeune Soulac, accablé de dettes, n’est pas en position de refuser. Avec toute l’ardeur et la naïveté de ses vingt ans, il se lance dans l’aventure. Sans se douter un seul instant des nombreux périls qui vont se dresser sur sa route.

Les personnages:

  • François Guilbert de Soulac: jeune noble désargenté, envoyé de Colbert à Venise; naïf et aventureux.
  • Bartolomeo Guardi: talentueux maître verrier.
  • Lucia Guardi: fille de Bartolomeo. Jalouse de Rosaria.
  • Rosaria: servante et maîtresse de Bartolomeo.
  • Domenico Marosini: inquisiteur vénitien.
  • Pierre de Bonzi: ambassadeur du royaume de France; manières cauteleuses déplaisantes; ambitieux et égoïste.
  • Colbert: intendant des Finances de Louis XIV; puissant et dévoué à son roi.
  • Courtin: secrétaire de Colbert.
  • Atto Melani: castrat et espion vénitien, messager de François.
  • Pierre de Jean-Jouve: secrétaire de Bonzi; discret et volontairement transparent.

Reconstitution historique:

Venise: mise en scène vivante et réaliste, décrivant avec minutie l’ambiance, la richesse, toutes les facettes d’une ville sombre et lumineuse à la fois: « Toute cette rive du Canal Grande était bordée d’échoppes, d’éventaires, d’étals qu’on garnissait de fruits, de légumes, de fleurs à mesure que l’on déchargeait les embarcations. » (Page 21)… »Le Castello était un quartier tranquille à l’écart des grands ruées de voyageurs et d’aventuriers de toutes espèces qui débarquaient dans la Sérénissime en quête de fortunes rapides ou d’aventures galantes. La réputation de certains lieux de grande polissonnerie les attirait comme la lumière attire les papillons de nuit. » (Page 36)=> Tableau enrichi par des détails de la vie quotidienne, comme la mode du chocolat chaud, introduit en Italie par le voyageur Francesco Carletti.

Situation politique: délicat et fragile équilibre sur lequel repose la Sérénissime, menacée par les ambitions des Etats pontificaux, toujours désireux d’étendre leur suprématie, et par les Ottomans qui occupent la Crète, dont la possession assure une position stratégique au sud de la Grèce. =>Venise, malgré sa puissance commerciale, ne peut se passer de la bienveillance de Louis XIV, seul capable de contenir les ambitions de ses adversaires. Cela dit, la révélation des secrets de fabrication des grands miroirs sonnerait le glas d’une partie non négligeable de sa richesse, et donc de sa puissance.

En conclusion:

Un passionnant roman historique dont l’intrigue dévoile un épisode méconnu de notre histoire, brillamment mis en scène: des péripéties, une histoire d’amour, des dangers, des rebondissements. Difficile de ne pas se laisser entraîner dans cette captivante aventure sur les traces du sympathique François de Soulac.

Citations:

« Crucifié sur place, il s’était rendu compte qu’à quelques pas la cohorte habituelle des courtisans poudrés et parfumés, dont un grand nombre le détestait, se réjouissait d’avance de sa disgrâce prochaine. A vingt-trois ans, le jeune souverain était encore à l’âge des caprices. Il suffisait d’une marque d’agacement, d’un froncement de sourcils, d’un pli de la bouche ou de l’habile influence d’un ennemi pour précipiter votre chute. » (Pages 44-45)

« La cité s’animait. Sur le trottoir, les premiers crieurs d’eau-de-vie avec leur tonnelet battant leur flanc et leur ceinture de gobelets avaient fait leur apparition. Le carrosse fit un écart pour éviter une charrette de boulanger. Plus loin , dans le fracas assourdissant des roues, il faillit renverser une chaise à porteurs. » (Page 93).

« Cependant, elle ne voyait pas en quoi ce jeune nobliau, tout en ardeur brouillonne, qui lui avait tenu des propos parfois obscurs et qui lui coulait des regards d’animal assoiffé dès qu’il pensait ne pas être vu, pouvait rivaliser avec Antonio Zanchi qui, certes, avait un long visage tourmenté et effilé comme celui d’une femme, mais qui était peintre. Ce qui changeait tout. Peintre, c’était un métier noble qui n’avait rien à voir avec celui d’un malheureux marchand de conteries. » (Page 111)

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