Publié dans archéologie, éditions De Borée, crime, Passion polar français

Passion polar français: Mémoires Effacées, Frédérick D’Onaglia.

Un polar en Camargue où il est question d’archéologie sous-marine, de cadavres…et de réconciliation…

L’auteur:

téléchargement (1)Frédérick d’Onaglia est né à Lyon le 24 mai 1969, ville dans laquelle il a grandi. Après avoir travaillé une dizaine d’années dans l’entreprise familiale de fabrication de chaussures (à laquelle il rend hommage dans Le Faux Pas, son sixième livre), sa véritable passion pour l’écriture l’emporte. Et c’est tout naturellement en Provence qu’il choisit de poser ses valises.

Avec Le Secret des Cépages, son premier roman, l’auteur rencontre un large public et obtient deux prix littéraires dont celui du Lion’s Club International. Cet amoureux de la Provence se met alors à dépeindre des sagas où les passions se déchaînent sous le soleil du Sud.

Le roman:

Mémoires effacées, second roman de l’auteur publié par les éditions De Borée, est paru en 2019. Le récit esttéléchargement (1) raconté au présent à la troisième personne =>Immédiateté qui imprime son tempo au rythme des nombreux dialogues et des scènes d’action vivantes: « La Massue éteint le poste. Il ne lui sera d’aucun utilité pour ce qu’il a à faire. Il concentre son attention sur la manœuvre rendue délicate par la météo exécrable. Il donne du mou à la chaîne qui plonge dans les eux noires. Les vingt-quatre tonnes d’acier dépassent le point de mouillage. Par son poids, l’ancre fait tendre les maillons qui grincent sous la coque. » (Page 10)… »Les sens en alerte, Etienne examine les lieux et repère le hors-bord du fugitif caché derrière la vedette hollandaise dont les occupants se sont regroupés sur le pont. Un couple, un enfant et un chien. Autant d’otages en puissance. Bien que n’ayant jamais eu à affronter pareille situation, le maréchal des logis de perd pas son sang-froid. A l’abri des tirs, il appelle des renforts et attend les instructions. « (Page 174).

Thèmes: histoire de la Camargue; monde de la pêche; relation parents/enfants; relations parents/enfants adultes.

L’intrigue:

Alors que l’Amarok pêche en zone interdite, La Massue, son capitaine, remonte la drague dans laquelle se trouve…le cadavre d’un homme. Ne voulant pas d’ennui, il s’apprête à la rejeter à la mer au moment où un navire de la Gendarmerie Nationale l’arraisonne.

Suite à une interpellation qui a mal tourné, provoquant la mort de son équipier, le capitaine de gendarmerie Léo Sarlat est mis en disponibilité, tenu pour responsable de la mort de Tony bien que lui-même ait frôlé la mort.. Le problème est qu’il est incapable de se souvenir de ce qu’il s’est réellement passé: « Si je n’avais pas perdu cette foutue mémoire! En attendant de la retrouver, je suis condamné à vivre avec la mort de mon coéquipier sur la conscience. » (Page 159).

Alors que Léo rend visite à son père dans le but de se réconcilier avec lui, il se retrouve par hasard sur les lieux du débarquement de l’Amarok. Iris, son ancienne collègue, lui demande son aide afin de résoudre l’affaire du cadavre trouvé par La Massue: un homme tué par balles séjournant dans l’eau depuis au moins une semaine. Le problème est que, en milieu aquatique, les preuves se dégradent rapidement: « La mission des plongeurs est par ailleurs délicate: un coup de palme intempestif, un geste brusque, et c’est un pan de vérité qui sombre dans les remous. » (Page 37).

Quant à Jeff, le père de Léo, il continue de chercher les vestiges d’un temple dédié à Artémis à l’embouchure du Rhône, sur le delta. Il est persuadé que La Massue, pour l’instant arrêté et écroué pour le meurtre de Stan Pertuis, poursuit la même quête que lui. Pourquoi Léo, malgré les apparences, reste convaincu que le capitaine de l’Amarok n’est pas le coupable qu’ils recherchent? Et si Iris avait tiré des conclusions un peu trop hâtive? Et si l’affaire s’avérait bien plus complexe? Le cadavre portant le même tatouage dans le cou que la première victime, retrouvé sur la plage quelques jours plus tôt, semble confirmer cette hypothèse…

Les personnages:

  • Léo Starlat: capitaine de gendarmerie mis sur la touche malgré ses excellents états de service; a commencé sa carrière dans la Marine nationale en Bretagne; acuité sensorielle hors du commun, très intuitif, excellent enquêteur.
  • Iris: major de gendarmerie, commande la brigade fluviale et nautique de Port-Saint-Louis-du-Rhône; nature solitaire, 38 ans, visage espiègle; franc-parler qui peut parfois mettre mal à l’aise; a travaillé avec Sarlat quand il dirigeait la section de recherches de Marseille.
  • Etienne Charvet: maréchal des logis d’Iris.
  • Yann Berlangot: médecin légiste, surnommé « Docteur Impossible ».
  • Franck Chapuis: ancien collègue et ami de Sarlat; capitaine de compagnie à Arles donc commande la brigade fluviale que dirige Iris; homme de terrain, aime l’action.
  • La Massue: capitaine de l’Amarok.
  • Jeff: père de Léo; ancien pêcheur; encore très vaillant pour son âge; caractère obstiné.
  • Eva: compagne de Jeff; professeur d’histoire de l’art à la fac de Nîmes; passionnée par l’antiquité.
  • Agathe: amie et partenaire de navigation d’Iris; femme raffinée et délicate, au caractère déterminé.

Les lieux:

camargueLes descriptions des lieux dans lesquels se déroule l’intrigue sont décrits avec peu de détails, juste ce qui est nécessaire pour configurer les conditions d’enquête: « L’accès à la mer le plus proche s’effectue par un sentier de dunes de sable blond coiffées de touffes d’oyats et d’immortelles. L’un des avantages de son affectation à Port-saint-Louis-du-Rhône est cet immense terrain balayé par les vents. » (Page 61).Quant à Beauduc, lieu où vit Jeff, le fait que ce soit un spot réputé, un espace protégé, ne facilite pas les investigations de Léo.

En conclusion:

Mémoires effacées est un bon polar qui se déroule à l’orée de deux mondes différents, celui de la pêche, dont il peint les difficultés et les réalités, et celui de l’archéologie marine. Mais Frédérick d’Onaglia a su les réunir dans une intrigue bien construite, mettant en scène des personnages bien campés, avec leurs zones d’ombre mais aussi leurs qualités, comme tout un  chacun.

Avec en prime la « mise au placard » de Léo Sarlat et ses difficultés à retrouver la mémoire de l’attaque qui a coûté la vie à son équipier; pourtant, les bribes de souvenirs qui remontent peu à peu à la surface lui font envisager que les choses ne semblent pas s’être déroulées comme ce qui lui a été rapporté =>Une enquête dans l’enquête??

Le +: l’originalité du roman est de faire intervenir la brigade fluviale et nautique de la gendarmerie, un aspect peu usité dans les enquêtes mises en scène dans les polars =>Contraintes et facilités différentes d’une enquête menée sur la terre ferme, d’autant que l’action se situe au démarrage de la saison d’été dans une région très touristique où circulent nombre de bateaux de plaisance. Un moment de lecture agréable, une histoire passionnante.

Citations:

« En une nuit d’orage, les bancs de sable peuvent recouvrir ou au contraire découvrir une épave de plusieurs centaines de mètres. Les marins expérimentés connaissent leur traîtrise. Lorsque la quille d’un bateau heurte l’un d’entre eux, elle se fracasse et recule, la voie d’eau est inévitable et le naufrage immédiat. La force des courants marins est d’une violence telle qu’elle balaie souvent des objets sur des kilomètres, d’où la difficulté de localiser le temple. » Pages 163-164).

« Recommencer ce n’est pas refaire mais tout réinventer. » (Page 198).

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