Publié dans éditions JC Lattès, Passion polar

Passion polar: La 16e séduction, James Patterson et Maxine Paetro.

Nous retrouvons le sergent Lindsay Boxer dans une enquête complexe et passionnante concoctée par le duo James Patterson, l’auteur qui publie plus vite que son ombre, et Maxine Paetro.

Les auteurs:

James Patterson est né le 22 mars 1947 à Newburgh, dans l’état de New-York. Jusqu’en 1996, il travaille comme publiciste dans une importante agence de publicité aux activités internationales. Il avait pourtant commencé à écrire au milieu des années 70 avec The Thomas Berryman Number, son premier roman publié par Little, Brown and Company, après avoir été refusé par 31 éditeurs! En 1996, il propose à son éditeur de publier un ouvrage par an, gageure rendue possible par le fait qu’il n’écrit pas lui-même ses ouvrages, confiant ses synopsis à une équipe de rédacteurs formés pour écrire selon ses directives précises.

Le personnage principal de la seule série qu’il ait écrite presque entièrement est l’inspecteur Alex Cross, interprété par Morgan Freeman dans les adaptations cinématographiques Le Collectionneur et Le Masque de l’Araignée, puis par Tyler Perry dans Alex Cross, tourné en 2012.

Le sergent Lindsay Boxer, le personnage principal de sa série intitulée Le Women’s Murder Club, co-écrite avec Maxine Paetro, mène des enquêtes avec ses trois amies Jill, Cindy et Claire, à la façon Des Drôles de Dames…

James Patterson s’investit personnellement dans le combat en faveur de la lecture en envoyant ses propres livres à des écoles ou à des soldats américains en poste à l’étranger. En 2014, il a fait un don d’un million de dollars à des libraires indépendants et près de deux millions à des bibliothèques scolaires.

Maxine Paetro , née le 19 avril 1946 à Miami en Floride, a été recruteur pour de nombreuses agences de publicité new-yorkaise entre 1975 et 1987. Elle a écrit un essai sur cette expérience puis s’est lancée dans l’écriture en publiant trois romans. Mais c’est sa collaboration avec James Patterson pour sa série The Women’s Murder Club qu’elle acquiert une certaine renommée littéraire.

Le roman:

La 16e séduction, seizième roman de la série The Women’s Murder Club, 16th Séduction dans la version originale publiée par Little Brown and Company en 2017, a été publié en 2018 par les éditions Jean-Claude Lattès. Le récit est écrit à la première personne selon le point de vue du sergent Lindsay quand elle est présente, ou à la troisième personne quand elle n’apparaît pas. Procédé qui permet au lecteur de bénéficier d’un plus large éclairage.

Le rythme est alerte, les chapitres sont courts, les scènes et actions s’enchaînant rapidement, sans détails inutiles. Le roman commence d’ailleurs par une scène de course-poursuite et de bombe qui explose. Le lecteur est immédiatement plongé dans le vif du sujet, l’incitant à tourner les pages avec frénésie.

L’intrigue:

4 juillet. San Francisco. Mission de surveillance dans un contexte international tendu, à cause des attentats sanglants perpétrés ces cinq derniers jours, par le GAR, un groupe terroriste international qui s’était donné pour mission d’infiltrer tous les pays et de renverser toutes formes d’autorité, qu’elles soient politiques ou religieuses, dans six pays différents.

Un mois plus tard. Une violente explosion détruit le Scientific-Tron, musée des sciences. Quelques minutes plus tard, une seconde explosion, revendiquée par le GAR. Joe, mari de Lindsay dont elle s’est séparée six mois plus tôt après la découverte de sa double vie, l’une des victimes, est entre la vie et la mort, atteint d’un traumatisme crânien.

Alors que Lindsay se rend sur les lieux, elle croise Connor Grant, professeur de physique au collège, qui lui avoue être l’auteur de l’attentat, revendiqué par le GAR, avant de disparaître. Connor est-il le véritable auteur de cet attentat? Aurait-il réellement un lien avec le GAR ou aurait-il agi en loup solitaire? Ou alors serait-il un crétin affabulateur et innocent? D’autant que, lors de son interrogatoire, il nie toute implication.

Parmi les victimes de l’attentat figure un cas étrange: une femme retrouvée tout près des lieux de l’attentat, sans papier, aurait apparemment succombé à une crise cardiaque mais l’autopsie révélant un cœur tout à fait sain, Claire Washburn, la légiste, a approfondi son examen et découvert une plaie perforante sur sa fesse droite au centre d’un hématome, lésion qu’elle avait remarquée sur le cadavre d’un homme quelques mois plus tôt qui, lui aussi, avait apparemment succombé à une crise cardiaque alors que son cœur était sain. Deux morts suspectes, deux victimes en apparence sans aucun lien.

Lindsay ne sait quelle conclusion en tirer. Deux mois plus tard, Connor Grant comparaît devant le tribunal. Innocent ou coupable? La jeune femme se retrouve confrontée à une lutte mortelle contre une vague de terrorisme sans précédent sur la cité de San Francisco. Sa carrière et son couple y résisteront-ils?

Les personnages:

  • Sergent Lindsay Boxer: narratrice; policière au SFPD.
  • Rich Conklin: co-équipier et ami intime de Lindsay.
  • Joseph Molinari, dit Joe: mari de Lindsay, consultant indépendant en sécurité, solide, intelligent, courageux; ancien agent fédéral et ex-directeur adjoint de la Sécurité intérieure.
  • Connor Grant: professeur de physique au collège de Saint-Brendan; célibataire sans enfant; casier judiciaire vierge, en apparence irréprochable.
  • Brady Jackson: lieutenant de la brigade, ancien du Miami Police Department, style austère mais courageux, loyal et solide, un meneur-né; marié avec Yuki Castellano, une amie de Lindsay.
  • Claire Washburn: médecin légiste en chef du SFPD; meilleure amie de Lindsay; femme chaleureuse.
  • Charlie Clapper: chef de la brigade scientifique, ancien de la criminelle; toujours tiré à quatre épingles.
  • Dillon Mitchell, allias Haight: porte-parole du GAR; jeune homme de 22 ans; fils d’une extrémiste des années 60; diplômé en droit de l’université de Columbia.
  • Len Parisi: district Attorney du comté de San Francisco dont le rôle est de superviser les instructions et les procès, ayant sous sa responsabilité plus d’une centaine d’avocats et leurs assistants.

Forces en présence: la cellule anti-terroriste, supervisée par le chef de la police et le directeur adjoint de la Sécurité intérieure. En face, le GAR, un groupe de poseurs de bombes qui s’en prennent à des cibles aussi diverses que multiples, né des décombres de groupes terroristes originaires du Moyen-Orient; connu pour être en rupture avec la stratégie habituelle des groupes terroristes, rendant l’enquête d’autant plus difficile: pas de QG, pas de porte-parole attitré, pas de leader connu. Il semble que leur but est de renverser les gouvernements corrompus et leur credo l’anti-mondialisme. =>Un combat qui semble inégal au vu des moyens à la disposition de la police et des objectifs des terroristes, schéma assez proche de la réalité.

Les lieux:

Peu de détails sur les lieux principaux de l’histoire, descriptions sommaires visant plus à restituer une atmosphère qu’à effectuer une visite guidée. Ainsi, les locaux de la bridage criminelle, dont l’entrée est signalée par une porte toute de verre et d’acier donnant sur un hall en marbre; la salle de travail de la brigade, située au quatrième étage, ressemble à « une crypte la nuit tombée. Eclairage brutal, murs aussi gris que les visages des collègues… »Avec au fond le bureau du lieutenant, « une minuscule pièce vitrée jouissant d’une vue magistrale sur l’autoroute. » (Page 43) =>L’essentiel étant de donner un aperçu des conditions dans lesquelles travaille l’équipe d’enquêteurs.

En conclusion:

La 16e Séduction, thriller habilement construit animé par une tension dramatique constante, présente une analyse du terrorisme international et des forces en présence plutôt pertinente, en tout cas suffisamment pour nous interpeller sur le défi de notre siècle secoué par nombre de soubresauts qu’ils soient politiques, socio-économiques ou éthiques.

Le +: confrontation en apparence déséquilibrée entre le tueur qui agit en toute impunité sans que personne ne le soupçonne, et l’enquête menée par la brigade dont Lindsay fait partie, se battant avec des moyens parfois insuffisants. Tout l’intérêt pour le lecteur, qui ne sortira pas indemne de cette lecture passionnante, est de suivre les deux trajectoires et de voir quand et comment elles finiront par se rejoindre.

Citations:

« Après ça, ils ont voulu l’emmener sur le site de l’explosion. Je me suis dit « Ok. Au bout du compte, tout ce qu’on a à perdre, c’est la putain de migraine qui nous monte à la tête depuis le début de cette affaire, et tant mieux si le FBI récupère l’enquête. » (Page 66).

« Une camionnette de la scientifique se gara devant la maison. Je quittai la voiture de Conklin et m’approchai du véhicule pour m’entretenir avec George Campbell, un technicien de l’équipe de nuit, lui-même ancien prof de physique. Nous discutâmes des coups de feu qui avaient été tirés et je lui demandai de m’appeler dès qu’il recevrait les résultats de l’analyse balistique. » (Page 186).

« C’est quoi ce bordel, Cindy? aboyai-je sans préambule. Qu’est-ce qui t’a pris de dévoiler l’histoire du sux? Maintenant, le tueur sait qu’on est à ses trousses. Tu viens juste de compliquer notre enquête, voire de la rendre impossible, donc félicitations et merci beaucoup. » (Page 220).

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