Publié dans angoisse, archéologie, éditions l'Archipel, cadavre, enquête criminelle, manipulations génétiques, Passion thriller, profiler, thriller ésotérique

Passion thriller: La Chambre des Curiosités, Douglas Preston-Lincoln Child.

Troisième enquête de l’inspecteur Aloysius Pendergast: une plongée dans les délires mégalomanes d’une savant fou…Effrayant!!

Les auteurs:

Douglas Preston et Lincoln Child sont deux romanciers américains de techno-fictions ( récit développant une intrigue contemporaine de politique-fiction catastrophe dont la résolution passe par l’usage de moyens militaires de haute technologie et/ou d’actes d’héroïsme individuels) ainsi que de thrillers . Chacun des deux partenaires mène une fructueuse carrière d’écrivain en parallèle des publications communes.

Biographie

Le roman:

La Chambre des Curiosités, The Cabinet of Curiosities en version originale parue en 2002, a été publié par les éditions L’Archipel en 2003. Les nombreux passages narratifs détaillés entretenant l’angoisse montante du lecteur face aux événements mystérieux du récit: « Elle ouvrit la première armoire dans laquelle dormaient plusieurs dizaines de flacons soigneusement bouchés et étiquetés. Certains contenaient de petits morceaux de charbon, d’autres des graines de maïs fossilisées, des éclats de bois ou d’ossements qu’elle disposa sur la table. Puis elle démarra son ordinateur et ouvrit le dossier où étaient catalogués ses précieux échantillons, s’assurant qu’ils étaient tous convenablement identifiés. » (Page 232)… »Nora le remercia et prit la direction indiquée pendant que le gardien, de retour dans sa guérite, prenait son téléphone pour l’annoncer. Arrivée au pied du bâtiment, elle pénétra dans le vestibule et monta dans un ascenseur sentant le cuir et l’encaustique, qui l’emporta en douceur quelques étages plus haut. » (Page 358) =>On a envie d’appuyer sur la touche « avance rapide » afin d’arriver au moment où l’action va s’accélérer et dénouer les fils de l’intrigue.

Humour: un ton parfois désabusé, un humour décalé viennent éclairer cette sombre histoire d’une touche de dérision: « Custer préféra ne pas répondre. Si le préfet était là, ça allait être la saint Custer. On ne réveille pas un chien qui dort. Tu parles d’un chien qui dort! Non seulement il était réveillé, ce putain de chien, mais en plus il lui avait mordu les fesses. » (Page 345)… »Le type qui avait dessiné cette foutue chaise n’avait visiblement pas prévu qu’on pourrait un jour s’y asseoir. Tout en lançant à son interlocuteur un regard interrogateur, Custer se contorsionnait dans tous les sens, tentant vainement de passer une jambe au-dessus de l’autre. » (Page 546).

Thèmes: démiurge, jeunesse éternelle, repousser les limites de la science; ce ne sont certes pas des thèmes originaux, loin s’en faut, mais ils sont abordés de manière originale.

L’intrigue:

Manhattan. Au cours d’un chantier de démolition, des ouvriers mettent au jour un charnier: des crânes et des os empilés dans des niches le long de deux murs. Pendergast demande au professeur Kelly d’examiner les squelettes en vue d’une expertise. Juste avant d’être interrompue, Nora trouve une robe très abîmée, un morceau de papier cousu dans la doublure. Une lettre? Un moyen d’identifier les victimes dont la mort semblent se situer entre 1870 et 1890?

S’il s’agit des victimes d’un tueur en série, pourquoi et comment se sont-elles retrouvées emmurées au même endroit, dans les alcôves d’un souterrain qui servait de fondations au cabinet de curiosités Shottun. Etait-il le meurtrier?

Mais à la lueur des lettres écrites par ce dernier, découvertes dans les archives du Musée, Pendergast et Nora se demandent si les ossements ne seraient pas ceux des personnes utilisées par le docteur Leng pour ses expériences scientifiques? Pourquoi, soudainement, les archives en question sont-elles confisquées par la direction du Musée.

C’est alors qu’un cadavre est découvert dans Central Park, présentant les mêmes blessures au bas du dos que les squelettes retrouvés dans le souterrain. Le docteur aurait-il ressuscité? Ou aurait-il un adepte reprenant ses théories cent années plus tard?

Les lieux:

Le Musée d’Histoire Naturelle: tout comme les deux précédents tomes de cette histoire, Relic et Le Grenier des Enfers, le Musée d’Histoire Naturelle de New-York est au cœur de l’intrigue. Le décor est grandiose: lourdes portes de bronze, majestueux escalier de marbre…et tentaculaire: « Le service des archives, installé dans les sous-sols du Muséum, n’était accessible que par un dédale d’ascenseurs de service, d’escaliers en colimaçon, de couloirs sinueux et de passages mal éclairés. » (Page 79) =>Un lieu, en apparence inoffensif, où tout peut arriver, même le plus incroyable et le plus terrifiant…

La maison de Leng: à l’inverse du Muséum, la maison de Leng offre un décor digne des films d’horreur, installant d’emblée un sentiment d’angoisse diffus: « Smithback ne distingua pas la moindre rangée de sonnettes, et constata que les fenêtres du rez-de-chaussée étaient solidement condamnées à l’aide de planches recouvertes de tôle ondulée…A l’étage, les fenêtres n’étaient pas obstruées et les carreaux avaient même l’air intacts. L’endroit était étonnant. Une vraie maison de cauchemar pour tueur en série. » (Page 435)…Une maison qui fait froid dans le dos malgré qu’elle avait dû « être l’une des plus belles des environs, avec ses trois étages de brique et de marbre, son toit d’ardoises mansardé, ses fenêtres ovales, ses bas-reliefs incrustés courant le long de la façade, ses tourelles, et même un belvédère »…Bonne impression tempérée par le fait que « sur la rue, la propriété était protégée par une haute grille en fer, hérissée de pics rouillés; des déchets de toutes sortes s’étaient accumulés dans le parc, au milieu d’une jungle de mauvaises herbes, de sumacs et d’ailantes dominée par une forêt d’arbres morts. » (Page 436).

En conclusion:

On ne présente plus le duo américain, auteur de thrillers consacrés aux enquêtes de l’étrange inspecteur du FBI Alloysius Pendergast: des récits bien construits, des intrigues flippantes à souhait, des descriptions minutieuses plantant des décors quasi cinématographiques, des personnages à la psychologie complexe. Une lecture passionnante dans laquelle on ne s’ennuie pas un seul instant malgré ses 700 pages.

Preston et Child maîtrisent à merveille l’art de distiller le suspense et l’angoisse à doses grandissantes au fur et à mesure que la scène se déroule: par exemple, lorsque le journaliste Smithback visite la maison abandonnée du docteur Leng.

Le +: le voyage mental que Pendergast fait dans le temps afin de comprendre les faits du présent: « Il avançait toujours, veillant désormais à maintenir ses sens en éveil. Le brouhaha était quasiment insoutenable, entre le martèlement des sabots des chevaux, les bribes de musique et de chansons qui flottaient dans l’air, les cris, les exclamations, les jérémiades et les jurons qui fusaient à chaque instant. Mais, davantage encore que ses oreilles, le nez de l’inspecteur était constamment sollicité par les relents de transpiration, de viande grillée, de parfums à cent sous et de crottin qui l’assaillaient de toutes parts. » (Page 264).

Citations:

« Le problème c’est que le public n’a pas envie de voir n’importe quelle émeraude, mais la plus belle de toutes. La notion de spectaculaire est justement ce qui fait vivre notre Muséum, mademoiselle Kelly. Combien de temps pourriez-vous poursuivre vos travaux si le public ne venait plus, ne s’intéressait plus à nos collections, ne répondait plus à nos appels à la générosité? » (Page 19).

« Smithback hocha la tête, trop soucieux pour se fâcher. Si Pendergast était de retour à Manhattan, ce n’était pas dans l’intention de faire du tourisme. Ce type-là avait le don d’attirer les ennuis. En tout cas, Smithback espérait que ce ne serait pas aussi grave que la fois précédente. » (Page 47).

« Mon cher petit, tu sais aussi bien que moi qu’il y a mille brutes sanguinaires pour un sage. En offrant à Einstein deux siècles pour parfaire son oeuvre scientifique, tu donnes deux siècles à tous les autres pour progresser en barbarie. » (Page 492).

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